Constat n Alors que les séances de réconciliation et des verdicts de divorce se suivent au tribunal de Bir Mourad Raïs, anéanties, les femmes concernées cachent difficilement leur sentiment de solitude et de douleur. Submergée par cette responsabilité d'élever ces trois enfants toute seule, Naïma, une mère de famille de 45 ans, rencontrée au tribunal de Bir Mourad Raïs, raconte vivre une épreuve insurmontable. Anéantie par la peine à l'annonce du verdict et le sentiment d'échec, elle avoue ne pas savoir par où commencer pour retrouver un semblant de stabilité et de sécurité. Toutes les personnes rencontrées sur place, hommes ou femmes, disent passer de durs moments et avoir beaucoup de mal à faire face. En effet, contrairement aux idées reçues, le sentiment de culpabilité, d'impuissance et de douleur, selon les différents témoignages, envahit les deux conjoints quel que soit celui qui a formulé la demande de divorce. Un psychologue américain, Fitzhugh Dodson, a, dans un chapitre consacré aux personnes nouvellement divorcées, expliqué : «Aussi étonnant que cela paraisse, les deux époux se sentent rejetés par le divorce.» Car en plus «de la destruction de leur façon de vivre, de leur frustration, de leur moi déchiré, une dernière épreuve les attend : la solitude est toujours la plus torturante». Sous l'effet de la peine de et des pensées négatives, les divorcés sont des personnes très fragiles. «Maintenant que personne ne compte dans leur vie, personne à qui s'opposer ou avec qui partager. Toutes ces blessures intérieures font qu'un divorcé doit combattre un sentiment d'inadaptation», poursuit le Dr Dodson qui parle «d'habitudes bouleversées et d'une douleur intense» chez ces personnes. «Votre propre image est bouleversée», précise-t-il en s'adressant aux divorcés. Cette lecture reste cependant peu admise dans notre société, qui ne considère pas dramatique la situation d'un homme qui vient de divorcer. Les traditions patriarcales qui continuent à régir le quotidien lui procurent parfois même une dimension de fierté. «Le divorce a anéanti mes habitudes et a détruit ma carrière professionnelle. Le plus dur reste l'éloignement de mes enfants et toute la pression qu'ils subissent», témoigne Cherif, qui n'a pas vu ses deux fils depuis plus d'un an. La procédure de divorce engagée par son épouse bute sur le refus de celui-ci à divorcer. Cherif espère retrouver bientôt ses enfants après l'ultime séance de réconciliation prévue pour septembre prochain. Dans le cas de Cherif, ils sont des centaines à souffrir de l'absence de leurs enfants. Par vengeance et rancune, la belle-famille n'hésite pas à prendre les enfants en otage tout au long de la procédure judiciaire. N'ayant pas encore obtenu le droit de visite, les pères sont, de ce fait, exclus du paysage de leur propre progéniture. Un sentiment de frustration que les thérapies les plus en vogue ne peuvent effacer. On peut ainsi affirmer sans exagérer que si le divorce est un drame pour la femme, il en est de même pour l'homme.