Résumé de la 1re partie n Après son accident de train, James Wide n'aspire malgré son handicap qu'à une chose : trouver un travail... Et James d'y aller d'un gros soupir proche d'un sanglot. Pourtant, une nouvelle surprise l'attend. Au bout de six mois, il reçoit la visite d'un monsieur à chapeau haut de forme et à cravate de soie : — Cher monsieur Wide, la compagnie des chemins de fer de Durban s'est émue de votre triste accident. Devant vos états de service et le dévouement fidèle que vous avez marqué depuis toujours envers la compagnie, nous avons décidé de vous proposer de reprendre une activité chez nous. James Wide ouvre des yeux effarés. — Une activité ? Avec mes pilons et mes béquilles ? Vous me voyez en train de courir entre les rails ? Le monsieur sourit avec bienveillance : — Non, mais puisque vous dites que les locomotives vous manquent que diriez-vous de prendre un poste de gardien d'aiguillage ? Il y a un nœud ferroviaire à la tour Uitenhage qui pourrait fort bien convenir à quelqu'un dans votre condition. James Wide sent son cœur battre et son silence est éloquent : il attend des détails. Le monsieur explique : — Ce poste est constitué d'un petit bungalow en bois très proche de la voie. A l'intérieur, les leviers vous permettent d'actionner l'aiguillage sans sortir de chez vous. Il y a un puits qui vous approvisionnera en eau fraîche, un bout de terrain dans lequel, avec l'aide de quelqu'un, vous pourriez faire pousser vos légumes. Une gamine noire pour vous faire la cuisine, s'occuper du ménage et du linge, et... du reste, et vous vivrez comme un roi ! Le monsieur en haut-de-forme, bien que protestant, est du genre bon vivant. Les allusions coquines ne lui font pas peur. James Wide, rouquin et poilu, est de race blanche et en 1877 un Blanc sans jambes peut encore vivre comme un roi quand la population noire est si nombreuse et si bon marché. Et c'est ainsi que le mois suivant James Wide prend possession de son nouveau poste de travail. Il n'est pas déçu ; d'ailleurs tout vaut mieux que de rester à attendre la mort sous les eucalyptus de l'hôpital. James Wide est du genre qui doit absolument s'occuper. L'aide-jardinier, Gregory, et la fille noire, Wilma, Ngunis d'origine, se révèlent égaux à ce qu'on attend d'eux. Gentils, obéissants mais sans enthousiasme débordant. James reçoit des instructions détaillées sur ses devoirs et sur les horaires et sur la direction qu'il doit donner à chaque convoi. Ce sont essentiellement des trains de marchandises qui charrient les toutes nouvelles richesses de ce pays neuf et en pleine expansion. James a reçu en cadeau, avant de s'installer, un chiot de race indéfinie proche du saint-bernard. On le lui a offert avec comme simple commentaire : — Il faudra bien quelqu'un pour te tenir chaud la nuit et te protéger si quelqu'un vient voler tes aiguillages ou tes béquilles ! James considère le chiot avec un sourire attendri et il annonce : — Je vais l'appeler Glasgow, ça me rappellera le pays de mes ancêtres ! Une nouvelle vie commence donc pour James. Très rapidement, il est parfaitement adapté à ses nouvelles fonctions et accomplit ses tâches quotidiennes sans l'ombre d'un problème. L'inspecteur qui lui rend visite au moins une fois par semaine le félicite chaudement : — Alors, Wide, n'êtes-vous pas comme un coq en pâte ? Ça vous plaît ? (à suivre...)