Résumé de la 17e partie n Après avoir mûrement réfléchi à la question, Sharon compte dire à Steve qu'elle ne peut vivre avec lui. Neil était assis, jambes croisées, sur le tapis, des magazines épars autour de lui, une paire de ciseaux à bouts ronds à la main. Ses cheveux, du même blond cendré que ceux de son père, lui retombaient sur le front, dégageant son cou mince et vulnérable. Ses maigres épaules pointaient sous la chemise de flanelle marron et blanc. Il était très pâle, excepté les traces rouges autour des immenses yeux bruns pleins de larmes. «Neil, dis bonjour à Sharon», ordonna Mme Lufts. Il leva les yeux, indifférent. «Bonjour, Sharon.» Sa voix était basse et tremblante. Il semblait si petit, si triste, si décharné. Sharon faillit le prendre dans ses bras, mais elle savait qu'il la repousserait. Mme Lufts toussota. «Je veux bien être pendue si je comprends. Il s'est mis à pleurer il y a quelques minutes à peine. Et il refuse de dire pourquoi. On ne sait jamais ce qui se passe dans cette petite tête. Bon, vous ou son père vous en tirerez peut-être quelque chose.» Sa voix monta d'une octave. «Billll !...» Sharon sursauta, les tympans transpercés. Sans plus attendre, elle alla rejoindre Neil dans le salon. «Qu'es-tu en train de découper ? demanda-t-elle. — Oh ! rien, des espèces de photos d'animaux !» Neil ne la regardait plus. Elle savait qu'il était gêné qu'on l'ait vu pleurer. «Je prendrais volontiers un verre de cherry, et puis je pourrais t'aider si tu veux. Tu as envie d'un Coca ou de quelque chose ? — Non.» Neil hésita, ajouta comme à regret : «Merci. — Servez-vous, dit Mme Lufts. Faites comme chez vous. Vous connaissez la maison. J'ai préparé tout ce qui était marqué sur la liste que M. Peterson avait laissée le steak, la vinaigrette, les asperges et la glace. Tout est dans le réfrigérateur. Je m'excuse d'être aussi pressée mais nous dînons au restaurant avant le cinéma. Bill !... — J'arrive, Dora.» Le ton de la voix était contrarié. Bill Lufts montait du sous-sol. «Je vérifiais les fenêtres dit-il. Je voulais voir si elles étaient bien fermées. Bonjour, mademoiselle Martin. — Bonjour, monsieur Lufts. Comment allez-vous ?» C'était un homme d'une soixantaine d'années, petit, assez gros, aux yeux d'un bleu délavé. La couperose faisait des taches révélatrices sur les joues et les ailes du nez. Sharon se souvint que Steve s'inquiétait du penchant de Bill Lufts pour la boisson. «Bill, tu vas te dépêcher, oui ?» Sa femme donnait des signes d'impatience. «Tu sais bien que je déteste avaler mon repas en quatrième vitesse et nous allons être en retard. La seule fois où tu me sors, c'est le jour de notre anniversaire ; tu pourrais au moins t'activer. — Bon ! bon !» Bill soupira et fit un signe de tête vers Sharon. «A tout à l'heure, mademoiselle Martin. — Amusez-vous bien.» Sharon le suivit dans l'entrée. «Et, ah ! oui, bon anniversaire ! — Prends ton chapeau, Bill. Tu vas attraper la crève... Quoi ? Oh ! merci, merci, mademoiselle Martin. Dès que je serai assise bien tranquille devant mon assiette, alors je commencerai à trouver que c'est un anniversaire. Mais pour le moment, avec toute cette bousculade (à suivre...)