Les dirigeants de plusieurs pays musulmans ont profité de la tribune des Nations unies pour dénoncer les tentatives qui consistent à transformer «l'Islam en démon» et ont appelé les pays occidentaux à lutter contre l'islamophobie en prenant des mesures et en faisant voter des lois. La menace par un groupuscule évangéliste américain de brûler des exemplaires du Coran, la polémique liée à l'installation d'un centre musulman près de Ground Zero à New York et les attaques contre des symboles musulmans en Europe étaient au centre des préoccupations des pays musulmans lors de la session annuelle de l'Assemblée générale de l'ONU. Les dirigeants de ces pays ont parlé sans détours à l'ONU, au cours de la semaine dernière, des tensions religieuses croissantes. Le Premier ministre malaisien a ainsi déclaré que les 1,5 milliard de musulmans dans le monde étaient outrés par les «tentatives qui consistent à transformer l'islam en démon». «Cela accentue les divisions entre le monde musulman et l'Occident», a-t-il ajouté. De son côté, le cheikh Hamad Ben Khalifa Al-Thani, émir du Qatar, a condamné les tentatives de lier l'islam au terrorisme. Il s'en est pris à la «guerre contre le terrorisme» déclarée par les Etats-Unis après les attentats du 11 septembre 2001. «Nous ne sommes pas d'accord pour accoler le terme de terrorisme à la religion musulmane, car outre le fait que c'est inexact, c'est une injustice réfutée par les preuves de l'histoire récente», a-t-il dit. Il a souligné que «les actions violentes et sans raison» aux Etats-Unis, en Europe et en Asie à la fin du XXe siècle n'ont jamais été qualifiées de terrorisme américain, européen ou asiatique. «Cette violence a été attribuée à des raisons politiques, économiques, sociales et même idéologiques, sans lien avec une religion, un pays ou idée en particulier», a-t-il ajouté. Pour sa part, le roi Abdallah II de Jordanie a déclaré qu'il était «essentiel de résister aux forces de la division qui propagent de l'incompréhension». Il a aussi appelé à l'organisation tous les ans d'une semaine interreligieuse pour promouvoir la tolérance. Le ministre des Affaires étrangères égyptien a condamné, quant à lui, les «incidents regrettables et affreux qui touchent les musulmans et l'islam de façon répétée et parfois systématique». «Il nous semble que l'Occident, en général, se laisse entraîner, malgré lui, dans un affrontement avec le monde musulman. Cet affrontement ne sert les intérêts de personne si ce ne sont ceux des extrémistes», a-t-il poursuivi. «Cela ne va pas dans le sens d'une meilleure sécurité et d'une plus grande stabilité dans le monde», a-t-il ajouté, avant de demander aux gouvernements occidentaux de prendre des mesures, y compris en faisant voter des lois.