Résumé de la 2e partie n Wide est ravi. La compagnie des chemins de fer de Durban lui propose un poste de gardien d'aiguillage... James répond par quelques monosyllabes. L'inspecteur dit : - Qu'est-ce que vous bricolez -là ? -Bah ! Il faut bien que je m'occupe. Alors j'ai récupéré deux trains de roues que la compagnie avait jetés au rebut et je me fabrique une plate-forme pour circuler sur les rails. Vous voyez, quand j'aurai fixé une sorte de fauteuil là-dessus, avec ce système de levier, j'arriverai à faire avancer la plateforme sur les rails à la force des bras. — Ben ! dites donc, il faut une sacrée force pour arriver à remuer ça ! James, avec un grand sourire, retrousse ses manches de chemise : — Regardez, j'ai perdu mes mollets mais pour ce qui est des biceps ils sont encore un peu là ! L'autre ne peut qu'être d'accord. Très bientôt, James mobilise quelques Noirs du coin pour les premiers essais. Tous les costauds du voisinage unissent leurs efforts pour placer la «draisine» de Wide sur les rails, mais James refuse toute aide pour s'installer sur le fauteuil du «capitaine». Glasgow, le chien indéfini, s'empresse de sauter sur la plate-forme et vogue la galère. James saisit le balancier qui commande le mouvement et d'un coup de ses bras puissants il met la machine en marche. Les Noirs qui assistent à la scène éclatent en cris de joie. Dans les buissons qui bordent la voie, un spectateur se cache, et pourtant il ne perd rien de la scène. C'est un jeune babouin que la curiosité a poussé là. Pour l'instant, ce petit mâle cherche sa place en ce bas monde. Son museau allongé comme celui d'un chien lui donne un certain air de ressemblance avec Glasgow, lequel n'a pas daigné se rendre compte de sa présence. Après ce premier voyage en draisine, la vie professionnelle de James Wide s'organise différemment. Tous les jours, il prend place sur son engin et se déplace sur les rails, du nord au sud, à la force de ses biceps qui finissent par prendre un volume impressionnant. Il calcule le temps de ses déplacements et s'arrange pour garer la draisine sur des voies de garage quand un convoi passe. Ces déplacements ne sont pas simplement des promenades d'exercice musculaire. James emporte, quand il part, non seulement ses béquilles mais différents marteaux, masses et outils divers qui lui permettent d'effectuer contrôles et petites réparations. La compagnie apprécie ces initiatives... Décidément, on a bien fait de proposer ce travail «réservé» à James Wide, «un cul-de-jatte qui n'a pas, si l'on peut dire, les deux pieds dans le même sabot» ! A présent, on a installé dans le bungalow de James un poste télégraphique qui lui permet, après un temps d'apprentissage, de communiquer avec les bureaux de la compagnie. La sécurité du réseau en est d'autant accrue. Est-ce le bruit mystérieux du télégraphe ou la curiosité naturelle du babouin ? N'est-ce pas plus simplement la présence de bananiers dans le bout de terrain accordé à James ? Toujours est-il qu'un beau jour celui-ci aperçoit le jeune singe au beau milieu de son carré de salades. Glasgow considère le cynocéphale avec une indifférence extrême. James se mets, par jeu, à faire des bruits avec sa bouche du genre «tsss ! tsss !». Le jeune babouin, décidément très peu timide, lève la tête, et sans lâcher la banane qu'il déguste il regarde James. James jurerait qu'il lui sourit ! James, qui grignotait quelques cacahuètes, en lance une vers le babouin. L'autre, après avoir jeté un regard de défi à l'homme aux pattes de bois, s'élance et saisit la graine d'arachide qu'il dépiaute soigneusement de son enveloppe avant de l'engloutir. Dès le lendemain, le babouin est à nouveau là. Apparemment, ni Glasgow ni James ne l'impressionnent. (à suivre...)