Constat n La tradition se retire de plus en plus de la scène nuptiale dans notre pays, laissant place à des comportements étrangers à nos pratiques sociales. Les cérémonies de mariage en Algérie ont, de tout temps, constitué une occasion où toutes les traditions sont fièrement déployées, avec leurs lots de regroupements familiaux, préparatifs bruyants, henné, hammam, gastronomie, costumes traditionnels, chants et danses ancestraux et hommage aux plus âgés. Des fêtes qui se distinguent clairement de celles des autres pays du Maghreb ou encore du monde et des traditions qui renseignent sur l'origine des familles des mariés, tant les régions sont culturellement très différentes. Aujourd'hui, cependant, cette fête a de plus en plus tendance à se banaliser comme tout ce qui se rapporte aux us et coutumes d'antan. Et pour cause, sa célébration s'éloigne des traditions et se déroule davantage dans un esprit empreint de modernité, calquant au grand dam des aînés, des modèles culturels étrangers. Un changement radical qui s'inscrit dans une uniformisation des régions, effaçant les spécificités régionales et même nationales. Les familles semblent désormais faire des choix, par manque de ressources, pour arriver à célébrer un mariage dont le caractère souvent imminent les réduit à encore se restreindre dans leur choix premier. La gastronomie, le défilé de la mariée ainsi que les bijoux qu'elle portera sont des aspects de la fête qui ne varient pas avec le temps, jalousement gardés par les mamans et belles-mamans. En revanche, le rituel du henné et les chants qui le caractérisaient, le regroupement familial et le timing de la fête nuptiale ou encore l'âge du premier mariage, sont considérés aujourd'hui comme secondaires. Un état de fait qui marque clairement l'éloignement des générations montantes des traditions ancestrales. Entre la modernité exigée par la mondialisation, le manque de créativité au niveau local et le niveau d'instruction élevé des couples, la logique financière occupe le devant des raisons évoquées par les hommes et les femmes interrogés sur ce sujet. Et si les difficultés financières sont, en partie, responsables de cet éloignement, le contraire ne l'est pas moins ! En effet, des familles aisées optent le plus souvent pour une célébration «à la moderne», au grand désespoir de celles qui ne demandent que le contraire mais qui ne peuvent se le permettre. Tant et si bien que, ces dernières années, on ne distingue plus un mariage d'une famille modeste de celui d'une famille riche. Le rituel est identique.