Scène n Ahmed Lagoun, metteur en scène, a présenté, hier, au Théâtre national algérien (TNA), lors d'une conférence de presse, sa nouvelle pièce Fawdha. Produite par le TNA, cette pièce, adaptée par Samir Satouf du texte de l'écrivain syrien Abd El-Moun'âïm Amaïri, met en scène quatre personnages féminins réunis par la même fatalité : leur condition dans une société qui ne pardonne pas, juge et condamne. Une société où la femme n'a pas son mot à dire. «C'est l'histoire de quatre femmes qui ont quitté leur village natal pour aller vivre dans une grande ville afin d'échapper aux contraintes sociales et au poids de la tradition», annonce Ahmed Lagoun. Quant au choix du texte, il avance : «Ce n'est pas moi qui l'ai choisi, je dirai plutôt le contraire. J'ai été attiré par la pièce dès la première lecture. Sa construction dramatique m'a convaincu et m'a amené, en conséquence, à l'adapter. C'est un texte osé qui lève le voile sur des interdits et des tabous. Ce qui m'a le plus encouragé à mettre en scène cette pièce, c'est en effet l'audace de l'écrivain. Il est de notoriété publique que dans notre société, tout ce qui a trait à la femme ne peut assurément laisser indifférent. A la faveur de cette pièce, nous avons voulu rendre compte d'une situation, d'un état de fait.» Ainsi, le ton fort et audacieux sur lequel le texte est écrit a favorisé le choix de cette pièce. C'est aussi parce que le texte développe un drame, qu'il porte la condition de la femme. La pièce décrit une psychologie propre à chacune des femmes, une réalité psychologique liée à un vécu social, à une portée culturelle. Cela crée des contradictions et compose, du coup, des constructions dramatiques qui renvoient à la personnalité de la femme. «En intitulant cette pièce Fawdha, explique le metteur en scène, j'ai voulu mettre en évidence les contradictions provoquées par une succession d'accumulations (lesquelles ont des retombées psychologiques) et qui sont le résultat d'une certaine situation sociale, elle-même façonnée par la culture et les traditions en vigueur.» Ahmed Lagoun a, ensuite, expliqué que la pièce se déroule dans le mental du public, qu'il s'adresse à celui-ci à travers sa conscience, qu'il l'interpelle. «L'esprit et la conscience du public sont constamment en éveil», dit-il. Pour sa part, Adila Bendimerad, l'une des protagonistes, note : «La pièce convoque des choses invisibles, des ombres qui traînent dans l'espace mental comme dans l'espace physique.» Par ailleurs, Adila Bendimerad, pour qui l'élément esthétique et l'unité dramaturgique sont réunis, souligne : «Le texte qui est retentissant et assez cruel aborde l'exclusion sociale dont la femme est victime. Ça parle, en filigrane, de la culture du silence, des tabous, liés à des traditions et habitudes sociales.» A noter que le drame de la femme sera revisité par de talentueuses comédiennes : Nadia Talbi, Mounira Roubhi Fissa, Samia Meziane et Adila Bendimerad. L'homme, quant à lui, sera présent symboliquement mais totalement absent sur scène. La pièce sera donnée demain au Théâtre national Mahieddine-Bachtarzi.