Cette vaste wilaya se trouvait sous le commandement du chahid colonel Si Cherif (Ali Mellah). Le lendemain, plusieurs avions survolaient la région de Theniet El-Had qu'ils s'étaient mis à bombarder sans relâche. Nous nous sommes abrités à l'intérieur d'une grande forêt. Je devais être évacué au Maroc pour y subir deux interventions chirurgicales, l'une pour mon hernie, et l'autre pour la sinusite chronique dont je souffrais également. Le pus coulait de mon nez à tel point que je ne pouvais respirer que par la bouche, ce qui m'empêchait de marcher normalement. Au début, j'avais catégoriquement refusé d'aller me faire soigner au Maroc, me disant avoir pris le maquis pour combattre jusqu'à l'indépendance ou mourir, mais le capitaine Si Abderrahmane (Hamoud Chaid) me dit «Pourquoi refuses-tu d'aller au Maroc te soigner, alors que tu pourras ensuite revenir et reprendre le combat dans le maquis ? Si tu veux partir, la route est bonne, puisque Si Abderrahmane Meguelati et moi, comme tu le sais bien, nous sommes déjà partis au Maroc et, comme tu vois, nous en sommes bien revenus». J'ai bien écrit les bons conseils de mon fidèle compagnon Si Abderrahmane pour prendre le départ vers le Maroc pour me soigner… Pendant plusieurs jours, l'aviation s'acharnera sur la région de Theniet El Had. La raison : la recherche d'environ un millier de soldats du «général Kobus», qui avaient déserté leur poste de Zédine (Aïn-Defla) pour s'en aller rejoindre les rangs de l'ALN avec armes et bagages, en emportant comme gage de confiance la tête coupée du sinistre traître à la patrie Djillali Belhadj au fond d'un vieux couffin... C'était là, il faut le dire, un sérieux coup porté à l'armée française qui perdait ainsi l'un de ses plus sûrs et des plus fidèles alliés dans la région. Ce sont les adjoints de Kobus qui l'ont égorgé. Pour nous, combattants, c'était une grande victoire militaire et psychologique que les belhadjistes aient cessé de trahir pour venir rejoindre nos rangs. Effectivement, l'armée belhadjiste gênaient grandement l'action révolutionnaire FLN/ALN dans les régions de Aïn-Defla, Khemis Miliana, Theniet El-Had, El-Asnam et constituaient un problème cuisant que les chefs de la wilaya IV avaient pour tâche urgente de résoudre par n'importe quel moyen. Les belhadjistes comme les behlounistes trompaient et abusaient notre peuple, en se présentant comme des moudjahidine de l'ALN, arborant le même drapeau que nous, ce qui, à nos yeux était un dangereux amalgame représentant en fait le comble de l'imposture nombreux furent les jeunes des villes de Aïn-Defla, Khemis Miiana, Chlef, et même Alger, qui s'enrôleront dans les rangs des belhadjistes, en croyant naïvement et en toute bonne foi avoir rejoint l'ALN. On peut dire aussi que les belhadjistes nous ont encore posé de gros problèmes après avoir rallié l'ALN, car comme il nous fallait les répartir dans les unités de la zone III de la wilaya IV, nous devions toujours faire preuve de méfiance à leur endroit. (à suivre...)