Le ministre des Moudjahidine, Mohamed Cherif Abbès, ainsi que des compagnons du chahid étaient présents à la commémoration. Sous le patronage du président de la République, le ministère des Moudjahidine a organisé, hier, au Cercle national de l'Armée une rencontre en commémoration du 48e anniversaire de la mort du colonel Si M'hamed Bougara, tombé au champ d'honneur le 5 mai 1959 à Ouled Bouachra, dans la wilaya de Médéa. La cérémonie a vu la présence, outre de celle du ministre des Moudjahidine, Mohamed Chérif Abbas, de plusieurs personnalités de la scène politique, des anciens compagnons d'armes comme Bousmaha dit “Berrouaghia”, Bouhenni, Boualem Oussedik, Bachir Rouis, Lakhdar Bouregaâ ainsi que des membres de la famille du chahid. Dans l'amphithéâtre qui a abrité la cérémonie, l'auditoire fort nombreux est très attentif aux témoignages avec force détails des intervenants sur la vie de ce martyr révélé très tôt à la cause nationale. Dans son discours, Mohamed Cherif Abbas fera passer le message en rappelant que ceux qui ont œuvré à l'aboutissement du 1er Novembre 1954 avaient avant tout l'amour de la patrie. C'est de cette pâte qu'était fait Si M'hamed Bougara. Tout jeune déjà, il avait des prédispositions, ce qui fera d'ailleurs de lui un des éléments les plus actifs dans les événements de Mai 1945. L'armée française ne tarde pas à remarquer son esprit rebelle adoubé d'une intelligence vive. Il est emprisonné puis relâché en raison de son jeune âge, mais a été vite repris. Cette deuxième incarcération ne fait qu'augmenter en lui le désir de combattre l'ennemi par tous les moyens. Le choix est fait. Au déclenchement de la lutte armée, il rejoint le maquis de Amrounna à Theniet El-Had. Il met à profit ses connaissances acquises aussi bien à l'école française de Khemis Miliana où il est né en 1926, à la faculté de la Zitouna en Tunisie, mais aussi en sa qualité d'ancien instructeur aux centres de formation de Blida et de Kouba (Alger). La qualité de bien commander ne lui est pas étrangère puisque dans le mouvement scout, il acquiert beaucoup d'expérience pour savoir prendre la décision qu'il faut et quand il faut. De Theniet El-Had, il se retrouve dans la région de Palestro, siège de la wilaya IV et où il fait désormais partie des chefs comme Bitat, Souidani Boudjemaâ et Bouchaïb. Quand ces derniers sont arrêtés par les forces colonialistes, il est désigné à l'est de la Wilaya IV dans le groupe de Gouenira. Le professeur et moudjahid Mohamed Aïssa El-Bey le décrit dans sa conférence comme étant le moteur du fait de son savoir-faire en matière de stratégie. “Il commence par le travail politique en intéressant les jeunes et moins jeunes du douar Errich à Haïzar (Bouira) afin de les éloigner de Belounis, qui avait une grande emprise sur la région”, dit-il. À la fin de l'année 1955, la Wilaya IV est suffisamment organisée d'autant plus que les zaouïas ont été sensibilisées. Plusieurs batailles font ravage dans les rangs de l'ennemi. Côté 616 à Tablat, Djerrah à Guergour ou encore El-Fernène à Berrouaghia. Il assiste au Congrès de la Soummam en 1956 et à son retour il est adjoint du colonel Amar Ouamrane, puis de Sadek Dehilès en 1957 et, enfin, en 1958 il prend le commandement de la Wilaya IV. Il mène une lutte sans merci contre les messalistes du douar Errich. Il élimine du coup Belounis et Belhadj. Cependant, si la vie de ce héros est relatée avec précision, sa mort reste énigmatique dans la mesure où l'on ne parle que d'une trahison. Un coup venu, selon le témoignage d'un de ses compagnons Bouhenni, qui était avec lui durant les dix derniers jours qui ont précédé sa mort, des “bleus” qui activaient dans la région. Il tombe au champ d'honneur avec 16 de ses compagnons le 5 mai 1959 à Ouled Bouachra lui qui devait se rendre à djebel Louh (Theniet El-Had). Son corps et ceux de ses compagnons jetés dans une fosse par les soldats français ne seront découverts que quelques jours après. ALI FARÈS