Pronostic n L'année scolaire 2010-2011 ne semble pas du tout prometteuse pour les élèves issus des familles relogées récemment dans la nouvelle cité de Birtouta. Les conditions de leur scolarisation sont, le moins qu'on puisse dire, pénibles, ce qui constitue inéluctablement un facteur de déstabilisation. En effet, la surcharge des classes a atteint la limite de l'inacceptable. Au CEM Frères-El-Akel, on compte pas moins de 60 élèves par classe ! «Nous sommes obligés de chercher des tables et des chaises pour assister aux cours et les enseignants passent leur temps à demander le silence. Certains élèves s'installent par terre...», témoigne un groupe de collégiens rencontrés à la sortie de cet établissement. «Si ça continue, nous ne pourrons rien assimiler et nous échouerons tous à coup sûr à l'examen du BEM», appréhendent des élèves de quatrième année moyenne. Le CEM Frères-El-Akel est éloigné des nouveaux bâtiments, ce qui contraint les élèves à marcher pas moins de 50 minutes pour y accéder. «Et celui qui arrive en retard n'a aucune chance de trouver une place. Dans les salles de cours, nous ne pouvons même pas bouger tant les tables sont serrées les unes aux autres. On étouffe d'ailleurs !», soulignent des élèves. Les capacités d'accueil de cet établissement sont largement dépassées, et les responsables auraient dû y penser avant même de lancer l'opérations de relogement. Les enseignants aussi se plaignent de cette situation insupportable. «Les conditions de travail ne nous permettent pas d'avoir le rendement escompté. Comment voulez-vous qu'un enseignant puisse se concentrer et donner convenablement son cours dans une classe de 50 à 60 élèves ? C'est du jamais-vu ! Le bruit, les querelles entre élèves venus de différents quartiers d'Alger, les retards récurrents… C'est là notre lot quotidien. Franchement, nous travaillons à moins de 50% de nos capacités…», déplore un groupe d'enseignants. La responsabilité de cette situation incombe à la direction de l'éducation Alger-Ouest, dont dépendent les établissements scolaires de Birtouta, qui a instruit les directeurs des écoles primaires, CEM et lycées d'inscrire tous les élèves sans exception. «On ne pouvait, à l'évidence, pas laisser les enfants des familles relogées dans la rue», argumentent les responsables de cette direction. Mais un élève peut-il vraiment assimiler dans une classe surchargée ? Et un seul enseignant peut-il transmettre des connaissances à autant d'élèves en même temps ? C'est là une situation des plus catastrophiques, estiment les enseignants. Les élèves, eux, redoutent les résultats de fin d'année. Le ministre de l'Education nationale a reconnu que la surcharge des classes touche plus de 15% de l'ensemble des établissements à travers le territoire national, sans fustiger toutefois la gestion maladroite des affaires de ce secteur et l'absence d'une coordination entre les différentes administrations. La seule solution pour voir la fin de ce calvaire est d'attendre l'achèvement des projets de réalisation de nouveaux établissements scolaires lancés tout récemment. Il reste à espérer, et... l'espoir est mince, que l'actuel exercice pédagogique ne soit pas un fiasco total.