Une fois de plus, les enfants des relogés de la nouvelle cité de Tessala El Merdja dans la commune de Birtouta, ne sont pas partis à l'école. Et pour cause, l'insécurité et les agressions dont ils font objet depuis leur installation, soit 18 jours. «Depuis notre venue dans cette cité, notre quotidien est entaché d'insultes, d'assanités et plus grave encore d'agressions à l'arme blanche et aux pierres», affirment unanimes des jeunes rencontrés, hier, sur le site. Les nouvelles couleurs de cette belle cité ont été ternies par les agissements déplorables dont les premières victimes sont les enfants et les filles. «J'ai décidé de ne pas envoyer mes deux filles aujourd'hui à l'école. J'ai très peur pour leur sécurité», se plaint cette mère. «Il ne se passe pas un jour sans qu'un des habitants ne soit agressé verbalement ou physiquement», explique un citoyen qui nous montre plusieurs certificats médicaux délivrés par les services de chirurgie ou d'urgence de différents hôpitaux à plusieurs personnes de la cité. La motion «coups et blessures- points de sutures- incapacité de travail» attestent de la gravité des coups reçus. Un jeune d'une vingtaine d'années s'appuyant sur des béquilles, raconte son calvaire. «En venant du marché où je venais de faire quelques achats, un groupe de jeunes m'a insulté avant de s'en prendre à moi et m'asséner plusieurs coups de couteaux». Des témoignages de ce genre sont légion dans cette cité que des groupes de malfaiteurs avaient squattée depuis quelques années. La nouvelle cité de Tessala El Merdja qui regroupe au total quelque 1310 logements accueillant les anciens habitants des bidonvilles de Doudou Mokhtar à Hydra et du quartier Zaâtcha de Sidi M'hamed est désormais honnie par les bénéficiaires de ces logements. UNE JOIE ÉPHÉMÈRE «Les joies du relogement ont été de courte durée, maintenant nous voilà confrontés à une situation que nous n'avons jamais connue auparavant dans l'habitat précaire où nous étions. Le commissaire de police de Hydra est venu même s'enquérir de nos conditions de relogement tant notre relation avec les services de sécurité était excellente. D'ailleurs, lors de notre transfert, seulement quatre policiers ont régulé le déménagement de presque 300 familles », affirme un habitant. A écouter les dires de ces habitants, la situation n'est pas reluisante. « Ma fille en deuxième année moyenne a été frappée avec une grosse pierre au dos avant qu'on lui enlève son foulard. Où sommes-nous ? Qu'on nous construise un commissariat de proximité puisque les rondes de la police n'ont rien donné», vocifère un père de famille qui avoue être à sa deuxième journée d'absence de son travail. La situation semble encore plus dramatique avec la promiscuité dans les classes où s'entassent jusqu'à 63 élèves. Là aussi d'après les dires des habitants, « les élèves venant des bidonvilles sont marginalisés, mal vus par les instituteurs». Les résidents s'interrogent aussi sur les raisons du transfert de leurs enfants des établissements scolaires de Hydra vers ceux Tessala El Merdja alors qu'il ne reste que deux mois avant la fin de l'année scolaire. « Certaines familles peuvent accompagner ou laisser leurs enfants chez des parents habitant aux alentours d'Alger ». Le vécu difficile des habitants de la cité Tessala El Merdja est confirmé par le témoignage des habitants de la vieille ville. Ils affirment qu'un groupe de consommateurs de drogues, renforcé par d'autres jeunes venus de Birtouta, Boufarik et Ben Chaabane sèment la terreur. Toutefois, ils estiment que les choses se calmeront avec notamment l'arrestation de ce groupe puisque les services de sécurité ont déjà diligenté leur enquête et une première bande a été arrêtée hier (soirée du samedi). Ces mêmes habitants refusent de lier ces escarmouches au fait qu'ils s'élèvent contre l'arrivée de ces nouveaux habitants dans ces immeubles construits dans leur commune et dont ils n'ont pas pu bénéficier. Mais d'autres soutiennent que la cause de ces violences à l'égard des nouveaux venus procède justement de cet état de fait. Selon un employé de l'APC de Birtouta, une situation similaire a été vécue avec l'arrivée, en 2003, des sinistrés du séisme du 21 mai. Hormis l'absence de la sécurité réclamée, les conditions de vie dans cette cité sont également décriées. L'inexistence de commerce et des services publics affectent la vie urbaine décente alors que 70 magasins et un marché restent fermés.