Projection n Dans ce court métrage tourné dans le but de dénoncer la violence contre les femmes, le réalisateur soulève un peu plus discrètement, comme en arrière-plan, d'autres maux qui minent la vie des femmes algériennes. En ce dernier trimestre de l'année 2010, nous assistons à une véritable renaissance de la production cinématographique algérienne. Il ne se passe pas un mois sans que les écrans d'Alger s'animent d'une ou de deux nouvelles œuvres. Hier soir à la salle Ibn Zeydoun, à Ryad el-Feth, était projeté le film Khouya (Mon frère) de Yanis Koussim. Un court métrage de 35 minutes qui vient en confirmation pour le réalisateur. Après son premier film Khti (Ma sœur) une fiction dramatique autoproduite, le réalisateur revient avec Khouya. Une œuvre produite par M D Ciné grâce à un financement entièrement algérien. Ce film se déroule dans un espace clos à l'intérieur d'une maison. Les personnages : Tarek, interprété par Nabil Asli, un jeune homme qui se retrouve chef de famille après le décès de son père. Trois actrices jouent les sœurs de Tarek, Samia Mezina, Anya Louanchi, Salima Abada, et Sonia qui joue le rôle de la mère. Dans ce foyer, le frère règne en maître à la force des poings, tous les jours les trois filles sont battues sous le regard impuissant et presque complice de la mère. Le réalisateur avait prévenu de la violence de certaines scènes avant le début du film. Et il est vrai qu'en matière de violence il n'y a pas de demi-mesures. C'était plus que réaliste. Le plus frappant après la violence, c'est la terreur, un environnement hostile s'installe très vite entre les murs de la maison. Les trois sœurs très solidaires ne vivent qu'en l'absence de leur frère ou en dehors de la maison, et elles souffrent aussi de l'incompréhension qui caractérise leur relation avec leur mère. A la fin du film toute cette violence et cette terreur mènent à l'irréparable. Lors d'une énième raclée les sœurs se défendent et les coups de couteau mettent fin à leur supplice. Après le générique de fin, une belle ovation attendait l'équipe du film et Yanis Koussim particulièrement. C'est normal vu que le court métrage traite d'un problème de fond bien ancré dans notre société et dans toutes les communautés de par le monde. Un bon accueil prévisible puisque le téléspectateur ne demande qu'à s'identifier à ce qu'il voit et le réalisateur puise son cinéma dans sa propre société et ses propres causes. Dans ce court métrage tourné dans le but de dénoncer la violence contre les femmes, le réalisateur soulève un peu plus discrètement, comme en arrière-plan, d'autres maux qui minent la vie des femmes algériennes. Séquestration, morosité, mariages arrangés, et conflit des générations, tout ceci est passé en revue en 35 minutes. Et pour le réalisateur et ses producteurs, la recette est simple, «les images sont crues, voire choquantes, laissons-les parler d'elles-mêmes». Une formule qui a déjà porté ses fruits au mois d'août dernier au festival de Locarno en Suisse. Lors de cette manifestation, le prix du jury cinéma et jeunesse avait été attribué à Yanis Koussim pour son œuvre. Ce jeune talent très prometteur se projette dans un avenir très proche pour nous annoncer la sortie d'un documentaire et d'un long métrage à l'horizon fin 2011.