Des sujets graves et importants sont le moteur des cinq courts métrages que les réalisateurs nous ont fait visionner lundi dernier. Les journées cinématographiques du court métrage amateur qu'organise l'association A nous les Ecrans se poursuivent. En effet, la salle Frantz-Fanon de Riad El-Feth a abrité, lundi après-midi, la projection de cinq courts métrages de 3 réalisateurs algériens tous nourris de passion pour le cinéma. Aminatou de Nabil Mechkel est le premier documentaire à avoir été présenté. Réalisé en 1993, d'une durée de 8 min. 30, ce court métrage, qui a pour cadre le Sahara occidental, retrace la vie d'une fillette, Aminatou dans un camp de réfugiés du Polisario. Aminatou est interrogée sur ce qu'elle fait dans la journée après l'école sur sa chanson préférée, sur ses rêves et ses espoirs...«Etre médecin pour soigner grands et petits, femmes et hommes» c'est ce qu'elle veut faire plus tard. Une fillette pleine de vie, d'énergie et de promesse, mais qui, hélas, évolue dans un milieu hostile loin de fournir la stabilité et l'équilibre qu'il faut, pour cet enfant de 8 ans. Réalisé la même année, Soldat à 13 ans de Salim Aggar dénonce avec acuité «l'une des grandes tragédies de notre temps» à savoir l'utilisation des enfants innocents et endoctrinés par des adultes, comme chair à canon, lors des différentes guerres qu'a connues le monde. De la Palestine au Liban en passant par Belfast (Irlande) ou la guerre du Golfe. «En Palestine, les enfants ont constitué le fer de lance de Arafat», dit le commentateur du documentaire qui n'est autre que le réalisateur lui-même. Victimes souvent d'une cause incomprise ou d'idéologies, ces enfants sont à jamais traumatisés et gardent des séquelles psychologiques irréversibles. Appuyé d'images d'archives, de bébés et d'enfants aux regards tristes, ce documentaire, émouvant à plus d'un titre, de notre confrère Salim Aggar, parle d'une vérité qu'on ne peut occulter et qu'il faut surtout sans cesse rappeler, car il est «difficile de survivre à la guerre ou de s'en remettre». L'Ecole de la violence de Othman Boukhedar qui date de 1997, lui aussi aborde un sujet grave qu'est l'influence néfaste et dangereuse des images de violence et d'agressivité que véhicule la télévision sur l'enfant. Le court métrage met en scène l'aliénation d'un enfant qui, à force de regarder des films policiers, se prend pour un justicier et brandit fièrement à ses copains, son pistolet en caoutchouc jusqu'à en venir à tuer, pour de vrai, un des garçons d'un coup de couteau. Fatidique. Dans un autre registre moins social, Dieu créa la montagne et l'homme la ville est un film expérimental de 13 minutes qui met en exergue la montée de l'urbanisme face à la nature. Aux arbres, forêts et fleurs, beauté divine de la nature, fait place le béton. Alger la ville se construit et les bâtiments poussent comme des champignons. Le monument de Riad El-Feth, notre Tour Eiffel se dresse à l'horizon. Des images antagonistes accompagnées d'une douce et mélancolique musique. L'image chez Salim Aggar se charge de poésie. Mais le son a aussi son importance comme support au court métrage. Aussi, il est dommage de constater que la plupart des films visionnés péchaient par une mauvaise qualité sur le plan technique. Le dernier à être présenté cette fois avec une meilleure qualité d'image est Le destin. Ecrit et réalisé en une seule journée, l'année dernière, par Salim Aggar, il est inspiré d'une histoire vraie. Il raconte en 10 minutes la mystérieuse mort de Rachid décédé dans son sommeil chez lui, au même moment que son ami à qui il avait prêté sa voiture et sa carte grise pour se rendre à Blida. Ce dernier est campé par Salim Aggar, lui-même, cet amoureux de la caméra.