Portrait n Qui aime sait attendre ! C'est par cette phrase que le poète et chanteur Ighil (qui signifie horizon en kabyle) résume sa carrière qui a commencé dans les années 1970 pour aboutir à la commercialisation prochaine d'un premier album. «J'ai toujours été contre l'idée de commercialiser un produit pour le plaisir de le faire, c'est ce qui explique le retard que j'ai mis pour mettre sur le marché mes chansons», explique-t-il. Et de révéler avoir composé jusqu'ici une centaine de chansons «paroles et musique», précise-t-il, non sans faire remarquer qu'il se considère «beaucoup plus poète que chanteur». «A dire vrai, chanter ne me disait pas grand-chose à mes débuts.» Cela ne l'a pas pour autant empêché de tenter sa chance dans la chanson en effectuant un enregistrement au niveau de l'ex-RTA (Radio et Télévision algériennes) en 1984. Toutefois, il n'a pas jugé utile de donner suite à cette expérience. Il a fallu attendre l'année 1996 pour le voir songer à le faire. «C'est un ami bassiste, Ahmed en l'occurrence, qui m'a mis la puce à l'oreille. Je lui ai fait écouter quelques-unes de mes chansons et il ne s'est pas empêché de me lancer : «Qu'attends-tu pour produire ?» «C'est à partir de là que j'ai commencé à penser à m'investir dans la chanson kabyle moderne. Mais comme le contexte ne s'y prêtait pas en raison de la dégradation de la situation sécuritaire du pays, j'ai dû mettre entre parenthèses mes projets. Cependant, j'ai continué à travailler à la maison», raconte-t-il. En 2004, les produits d'Ighil ont été diffusés pour la première fois sur les ondes de la Chaîne II à l'initiative de Mohammed Brakni, responsable du département musique à la Radio nationale. Satisfait des échos reçus, le poète et chanteur s'est attelé depuis à retravailler ses chansons dans la perspective de les commercialiser. «Il m'est arrivé d'en refaire certaines des dizaines et des dizaines de fois», dit-il. A présent, «elles sont prêtes et j'espère vraiment qu'elles plairont», ajoute-t-il. Le premier album d'Ighil sera ainsi disponible très prochainement. Il comporte dix chansons portant sur des «moralités». «J'ai voulu apporter à travers cet album mon témoignage sur la vie et ses vicissitudes. J'ai voulu aussi, et en toute modestie, léguer quelque chose à la culture algérienne», affirme Ighil qui s'est déjà produit lors de nombreux galas, aux côtés notamment de son ami Mustapha Deghal, «dont la musique parle»! Adepte de l'art pur, le poète et chanteur dit ne pas fournir d'efforts pour trouver la mélodie : «Elle vient comme ça, en fonction du texte.» «C'est l'inspiration qui fait l'artiste», conclut-il.