Dans son palais de la Perle, Qasr al Lu'lu'a, le roi al Naçir entend parler de Sidi Touati. Il demande à ses ministres de s'informer à son sujet. «C'est un homme d'une grande piété, dit-on. C'est aussi un ascète d'une grande sévérité ! Il se retire dans sa cellule, sa khalwa, et il passe son temps en méditations et en invocations. Il ne se lasse jamais ! D'ailleurs, il interdit qu'on vienne le déranger.» Al Naçir est surpris par une telle ferveur. Il sait que les mystiques s'adonnent à l'adoration, mais pas au point d'interdire qu'on vienne les consulter. «Il ne sort pas se promener ? demande-t-il. — Non, majesté, il est tout le temps enfermé dans sa cellule ! — Comment peut-on s'enfermer dans une pièce minuscule alors qu'il y a tant de belles choses à voir ! — Rien ne semble l'intéresser, hormis la prière et l'invocation !» Le roi n'en croit pas ses oreilles. «Il connaît Béjaïa, mais il n'a pas vu al-Naciria ! Il lui suffirait de se promener sur les collines qui surplombent la ville pour se rendre compte combien elle s'est agrandie et embellie. Il verrait les minarets et les coupoles des mosquées, les tours des palais, les belles habitations…» Il se tait, puis ajoute : «Il verrait surtout notre palais… le Palais de la Perle et il s'émerveillerait… Jamais main d'homme n'a édifié pareille merveille.»