Résumé de la 1re partie n C?est en 1067 de l?ère chrétienne que le prince hammadite Al-Naçir a fondé Béjaïa, l?a dotée de magnifiques palais et mosquées et en a fait un lieu de savoir. Béjaïa a toujours été un lieu de ferveur religieuse et un pôle du mysticisme berbère. Aujourd?hui encore, elle a la réputation d?être la ville qui a le plus de saints : quatre-vingt dix-neuf, dit-on, et si le centième n?était pas une femme (il s?agit de Yemma Gouraya), cette ville aurait été prise comme l?un des lieux de pèlerinage de l?Islam. Parmi les saints hommes qui vivaient au début du XIe siècle de l?ère chrétienne, c?est-à-dire à l?époque d?Al-Naçir, on cite Sidi Touati, encore vénéré de nos jours et dont le sanctuaire est toujours visité. Tous les saints pratiquent l?ascétisme, pour libérer, par des pratiques comme le jeûne et la prière, leur esprit des contraintes matérielles. Sidi Touati, lui, le poussait à l?extrême, s?enfermant la nuit et le jour pour s?adonner à la méditation, à la lecture du Coran et à la prière. Il mangeait et dormait peu, il évitait la compagnie des hommes qui pouvaient le distraire de ses dévotions. Sa piété, son désintéressement pour les choses de ce monde ainsi que son savoir lui ont valu une immense popularité qui dépasse largement la région de Béjaïa. On venait le voir de partout, espérant capter un peu de la bénédiction qu?il portait. Dans son palais de la Perle, Qasr al-Lu?lu?a, le roi Al-Naçir entend parler de lui. Il demande à ses ministres qu?on lui parle de lui. «C?est un homme d?une grande piété, lui dit-on. C?est aussi un ascète d?une grande sévérité ! Il se retire dans sa cellule, sa khalwa, et il passe son temps en méditations et en invocations. Il ne se lasse jamais ! ? Il ne sort pas se promener ? demande Al-Naçir. ? Non, majesté, il est tout le temps enfermé dans sa cellule ! -Comment peut-on s?enfermer dans une pièce minuscule alors qu?il y a tant de belles choses à voir ! -Rien ne semble l?intéresser, hormis la prière et l?invocation !» Le roi n?en croit pas ses oreilles. «Il connaissait Béjaïa, mais il n?a pas vu Al-Naçiria ! Il lui suffirait qu?il se promène sur les collines qui surplombent la ville pour se rendre compte combien elle s?est agrandie et embellie. Il verrait les minarets et les coupoles des mosquées, les tours des palais, les belles habitations?» Il se tait, puis ajoute : «Il verrait surtout notre palais? le palais de la Perle, et il s?émerveillerait? Jamais main d?homme n?a édifié de pareille merveille. Il se retourne vers ses conseillers : «Il faut lui montrer Al-Naçiria ! ? Majesté, il ne voudra pas quitter sa cellule. ? Même si c?est moi en personne qui le lui demande ? Je veux qu?on me conduise sur l?heure auprès de lui !» (à suivre...)