Des phénomènes, une origine Politique n Concentrant tous leurs efforts sur la lutte antiterroriste, les autorités ont fermé les yeux sur le commerce informel, les constructions et les parkings illicites. La crise économique dans laquelle s'est enfoncé notre pays à partir de la deuxième moitié de la décennie 1980 à la suite de la chute brutale des prix du pétrole a engendré une véritable anarchie au niveau des grandes villes où les bidonvilles, les marchés informels et les parkings sauvages ont pullulé en très peu de temps, profitant de l'absence de l'Etat. Cette situation s'est accentuée au début des années 1990 avec l'apparition du terrorisme. Concentrant tous leurs efforts sur la lutte antiterroriste, les autorités ont fermé les yeux sur le commerce informel, les constructions et les parkings illicites. «On ne pouvait pas se consacrer à la lutte contre les marchés informels alors que le terrorisme menaçait l'Etat et la nation dans leur existence-même, on n'avait pas intérêt à ouvrir un nouveau front avec la population», se défendent aujourd'hui les responsables de l'époque. C'est ainsi que les bidonvilles, les marchés informels et les parkings sauvages sont devenus presque licites à force de foisonner. Il y a quelques mois encore, d'aucuns n'imaginaient d'ailleurs pas que les marchés informels pouvaient être interdits un jour. «Les pouvoirs publics ne prendront pas ce risque ». Et pourtant, le pas a été franchi il y a quelques semaines à Alger et dans les grandes villes du pays où des ruelles entières occupées, des années durant, par des vendeurs à la sauvette, ont été «libérées» en quelques jours. Cette mesure est venue s'ajouter à celle prise, il y a quelque temps, d'interdire et de détruire toute nouvelle construction non conforme à la loi. Les autorités ne comptent pas s'arrêter là. Elles envisagent, en effet, de s'attaquer, dans les prochains mois, aux phénomènes des parkings sauvages et des assiettes paraboliques installées anarchiquement sur les façades des bâtiments. La question qui se pose est de savoir si les solutions préconisées sont à même de mettre fin définitivement à ces situations d'anarchie. C'est bien d'interdire les marchés informels et les parkings sauvages, mais c'est encore mieux de proposer une alternative à ceux qui y gagnent leur vie depuis plusieurs années. C'est bien d'empêcher les constructions illicites, mais c'est encore mieux d'assurer un toit à ceux qui sont confrontés à la crise du logement. C'est bien de s'attaquer aux assiettes paraboliques qui enlaidissent nos villes, mais c'est encore mieux d'offrir aux ménages la possibilité d'avoir accès à leurs programmes télévisés préférés… Kamel Imarazène