Le commerce illicite constitue une véritable gangrène pour l'économie nationale, le phénomène s'étant amplifié au fil des ans en l'absence de réactions des pouvoirs publics. La décennie sanglante vécue par les Algériens et marquée par la lutte contre le terrorisme –une lutte de longue haleine qui a focalisé tous les efforts de l'Etat– a facilité l'apparition d'intrus appâtés par le gain facile. Un fait favorisé et même encouragé par les DEC de cette époque-là. Les vendeurs à la sauvette ont fini par investir en masse un terrain laissé à l'abandon et par bafouer des lois qui étaient mises en veilleuse. Aucun espace n'a été épargné, même les accès aux immeubles administratifs. Toutes les villes du pays sont devenues des marchés informels où tout se vend et s'achète. Des bazars à l'air libre où chacun marque son territoire, et extensibles à mesure que de nouveaux venus se font une place dans ce fatras. En plus de l'insécurité prévalant dans ces endroits difficiles à contrôler, de la nuisance subie par les riverains et des rixes régulières entres les vendeurs, les dégâts causés à l'économie du pays sont énormes. Le manque à gagner pour les commerçants exerçant dans la légalité n'a d'égal que l'importance de la marge bénéficiaire supportée par les consommateurs. Toutes les tentatives pour éradiquer ce fléau ont été vaines, en l'absence d'une politique adéquate pour la prise en charge des vendeurs informels, qu'il ne suffit pas de chasser de ces espaces. De nombreux quartiers ont, en effet, été par le passé nettoyés de ces étals sauvages qui couvrent le sol, mais sans succès, le retour des vendeurs informels remettant à chaque fois en question ce type d'opération. L'évacuation et la réhabilitation de ces lieux ne peuvent se faire de manière définitive sans qu'on trouve une solution à la situation de ces jeunes qui risquent de renforcer les rangs de la délinquance ou du chômage. L'éradication du commerce illicite doit passer notamment par la construction de marchés de proximité qui abriteraient ces vendeurs informels tout en leur imposant d'activer dans la légalité. C'est la clé pour venir à bout de ce phénomène qui n'a que trop duré et qui a fait assez de mal. R. M.