Décision n C'est dans une ambiance empreinte de suspense, mais surtout de suspicion que les 24 (moins deux) membres du comité exécutif de la FIFA désigneront les pays organisateurs des Mondiaux 2018 et 2022. Après l'Afrique du Sud en 2010 et le Brésil en 2014, qui aura le privilège d'accueillir les Coupes du monde de 2018 et 2022, objets de grands enjeux économiques, mais aussi d'intérêts occultes ? Et pour cause, sur les 24 membres qui forment le comité exécutif de la FIFA, deux déjà sont suspendus, en l'occurrence Reynald Temarii, président de la Confédération océanienne de football, et le Nigérian Amos Adamu, soupçonnés de tentative de corruption, après les révélations du Sunday Times le mois dernier. Mais voilà qu'un autre scandale éclate, après le passage d'un documentaire, lundi, sur la chaîne anglaise BBC et où le journaliste Andrew Jennings, le plus honni dans la maison FIFA, a publié des documents sur des paiements illégaux faits entre 1989 à 1999 au profit de trois membres de cette instance, dont l'Africain Issa Hayatou. 100 millions de dollars ont servi, selon Jennings, à corrompre plusieurs hauts responsables de la FIFA, notamment lors des opérations de vote, ce qui jette un discrédit sur la désignation, aujourd'hui, des pays qui organiseront les éditions de 2018 et 2022. Etant devenue une grosse affaire économique, politique et de sous, la Coupe du monde ne laisse plus indifférents les grands de la planète qui viendront plaider le dossier de leur pays. De Bill Clinton à Vladimir Poutine, en passant par le Prince Andrew, José Luis Zapatero, David Cameron ou les cheikhs du Qatar, il y aura du beau monde à Zürich pour assister au vote que certains détracteurs qualifient déjà de parodie vu que les dés sont pipés. La planète aura en tous les cas les yeux rivés, aujourd'hui, sur le siège de l'auguste fédération internationale où les 22 membres de son comité exécutif voteront à bulletins secrets pour d'abord 2018 puis 2022. Pour la première, quatre candidatures sont en lice et elles sont toutes européennes puisque c'était au tour du Vieux Continent d'accueillir le plus grand événement planétaire : Pays-Bas-Belgique, Espagne-Portugal, Russie et Angleterre. Pour 2022, cinq candidatures se disputeront un match serré : le Qatar, les Etats-Unis, l'Australie, le Japon et la Corée du Sud. Parmi tous ces pays, certains ont déjà accueilli la Coupe du monde, c'est le cas de l'Angleterre (1966), de l'Espagne (1982), des Etats-Unis (1994), du Japon et de la Corée du Sud qui ont conjointement organisé l'édition de 2002. Il faut savoir que c'est la candidature qui recueille la majorité absolue qui l'emporte. Si ce n'est pas le cas, un second tour est organisé en éliminant la candidature qui en a accueilli le moins et ainsi de suite jusqu'à la désignation finale du pays organisateur. En cas d'égalité, la voix du président Blatter est alors prééminente et fait donc office de décision, entérinée par un huissier de justice avant l'annonce officielle. Evidemment, les Arabes en général, et les Algériens en particulier sont tous derrière la candidature du Qatar pour 2022 – soutenue, entre autres, par Madjer et Zidane –, malgré quelques points qui risquent de jouer en sa défaveur comme la chaleur (malgré la promesse de faire jouer les matchs dans des stades à air conditionné), l'interdiction de consommation d'alcool et le contexte géopolitique de la région. Et si pour l'Europe, le match se jouera entre les fédérations de pays, l'édition de 2022 sera l'affaire de deux confédérations : l'Amérique du Nord et centrale, d'un côté, et l'Asie de l'autre. Un autre bras de fer qui se rajoutera au reste, dans une ambiance qui pue l'argent et le pouvoir, deux ingrédients qui n'ont jamais fait bon ménage. A. Salah-Bey