«Nous ne faisons pas cela pour plaire aux Espagnols ou aux Américains, nous le faisons pour notre propre bien.» Ainsi justifiait, hier, à Addis-Abeba, Alpha Omar Konaré, président de l?Union africaine, la décision d?ouvrir «très prochainement» un centre antiterrorisme africain à Alger. «Nous avons subi le terrorisme nous-mêmes» a-t-il lâché devant une centaine de journalistes venus couvrir la réunion du conseil exécutif de l?UA. Le centre d'Alger qui, en principe, devra être opérationnel dans six mois, collectera l'information en provenance de tous les Etats membres de l'UA et organisera l'échange de cette information entre eux. Il enregistrera tous les actes de terrorisme présumés et avertira les pays du continent d'éventuels actes de terrorisme en préparation, a-t-il précisé. Cette décision intervient, faut-il le rappeler, quelques jours seulement après les attentats meurtriers de Madrid, mais aussi au moment où les Etats-Unis avaient renouvelé leur avis de prudence pour leurs ressortissants en Afrique de l'Est en raison de la persistance de risques d'attentats terroristes dans cette région. Le département d'Etat a, en effet, indiqué vendredi dernier dans un communiqué «penser que des menaces d'attentats terroristes portant l?estampille Al-Qaîda demeurent pour l'avenir» dans cette partie de l'Afrique, en particulier contre les avions et les ports. Cet avis couvre les Comores, Djibouti, l'Erythrée, l'Ethiopie, le Kenya, Madagascar, l?île Maurice, les Seychelles, la Somalie, le Soudan, la Tanzanie et le département français d'outre-mer de la Réunion. Les premiers attentats spectaculaires d'Al-Qaîda en Afrique avaient été perpétrés en 1998 contre les ambassades américaines à Nairobi (Kenya) et Dar es-Salaam (Tanzanie) et avaient fait 224 morts. Selon les initiateurs de ce projet «sans une paix et une sécurité durables, les perspectives de développement et de démocratie dans le continent africain seront vaines».