Résumé de la 2e partie n Le Dr Esteban apprend que son malade s'appelle José Iberraz et qu'il est soupçonné d'assassinat... Il n'y a pas de vipère, sur cette plage. Elle vient d'ailleurs. La preuve : elle a été transportée dans une sorte de bocal de plastique au couvercle troué et dissimulé dans un sac de plage. Le tout a été retrouvé dans la salle de douches du bungalow. Double meurtre donc, avec un seul assassin en vue dans l'histoire : le mari, José Iberraz. Sauf… sauf que cette histoire n'est pas vraiment son histoire, bien qu'il soit le seul à pouvoir la raconter, dès qu'il le pourra ou le voudra. Le cinquième jour de son hospitalisation, il regarde toujours le plafond fixement, les infirmières fixement, ses mains, parfois, fixement. Puis les tranquillisants font peu à peu leur effet, le regard change, le corps prostré se détend. Il s'agite et prononce les premiers mots depuis une semaine devant le docteur Esteban. «Je suis fichu.., elle a fichu ma vie en l'air... Fichu... tout est fichu… Garce ! La garce !…» Le docteur Esteban attire l'infirmière à l'écart et chuchote : «Appelez le lieutenant de police, son numéro est sur mon bureau. Dépêchez-vous...» Puis il s'assoit près du malade. Le dialogue est tout d'abord décousu. Le médecin parlant médecine, et le malade monologuant sur la réalité retrouvée. Le docteur demande : «Comment vous sentez-vous ? Maux de crâne ? Ne vous agitez pas, vous parlerez plus tard. Levez la main, bougez les doigts, regardez-moi, vertige ?» Et l'autre n'écoute pas, il parle sur un ton monocorde : «Tout... elle a tout combiné… depuis toujours... l'accident de voiture... tu parles... elle l'a tué, oui... Quel imbécile... J'ai tout avalé...» Suit un chapelet d'insultes, qualifiant une femme de tous les adjectifs possibles. En clair et poliment traduit, cette femme-là est une sorte de sorcière diabolique, prostituée, menteuse, meurtrière, une vermine. «De qui parlez-vous ? — Martina... Martina, ma jolie belle-sœur, la bombe sexuelle, l'amour de ma vie. Je sais, maintenant, j'ai tout compris, ça m'est venu d'un coup. Elle a tout préparé, elle menait sa saleté d'existence, sans rien me dire, et moi je marchais, je marchais... — Calmez-vous. Je dois vous prévenir que vous faites l'objet d'une enquête de police. Je ne suis pas là pour vous interroger, moi, je suis médecin, je vous ai trouvé sur la route, malade, choqué. Je ne permettrai à la police de vous parler que si vous vous sentez bien, si vous êtes lucide. Laissez-moi vous examiner. — J'ai dormi, hein ? Je sens que j'ai dû dormir longtemps, mais ça va maintenant. Maintenant, je vois clair. Je vois tout. Ecoutez-moi, ça m'étouffe, vous voulez bien m'écouter ? Quand on a compris c'est tout simple. «Je me suis marié il y a cinq ans, avec Laura, sa sœur aînée. On s'aimait bien, ça allait bien, jusqu'au jour du mariage. Qu'est-ce qu'elle a fait le jour du mariage ? Le jour même, hein ? En pleine réception ? Elle m'a attiré dans sa chambre. Bon sang, il fallait que je sois devenu fou, j'avais bu un peu. Et voilà, ça a commencé là. Mais attendez, elle, elle se mariait aussi ce jour-là. (à suivre...)