Résumé de la 1re partie n Pour se venger de son professeur de chant, Jean-Paul décide de lui faire peur en lui mettant une araignée dans le tiroir du bureau... Jean-Paul, l'instant de surprise passé, au lieu de remonter en hurlant pour se réfugier auprès de ses parents, ne bouge pas. Une idée lui est venue. Une idée plus forte que sa peur... Il pense à la réaction qu'aurait eue à sa place son professeur de chant. Il l'imagine suant à grosses gouttes, il voit son visage passant par toutes les couleurs de l'arc-en-ciel, il entend ses cris horrifiés : «Au secours ! Au secours ! Débarrassez-moi de cette bête !» Jean-Paul se met à sourire de satisfaction... Mais aussitôt son sourire se fige. L'araignée est toujours là. Il l'avait oubliée. Elle est arrivée tout au bout de la bûche. Elle est à peine à un mètre de lui. Jean-Paul essaye de se raisonner. Il doit fuir. C'est de la folie de rester... En même temps, une autre voix lui dit : «Allons, Jean-Paul, montre que tu es un homme ! Cette araignée, il te la faut pour ton professeur de chant... Tu tiens enfin ta vengeance !» Jean-Paul remonte chercher un bocal de verre. Quand il revient, il espère, au fond de lui-même, que l'araignée aura disparu. Mais non ! Elle est toujours là, sur sa bûche. Elle semble l'attendre... Il faut y aller ! Avec mille précautions, il approche le bocal... L'araignée n'a pas l'air effrayée. Au contraire, elle y pénètre d'elle-même. Rapidement, Jean-Paul visse le couvercle... Voilà, c'est fait! Il n'y a plus qu'à percer quelques trous pour qu'elle puisse respirer. On est jeudi. Demain, c'est le cours de chant... En s'endormant, après avoir vérifié une dernière fois que l'araignée, cachée sous son lit, ne pouvait pas sortir, Jean-Paul s'abandonne à des rêveries merveilleuses. Il va mettre l'animal dans le tiroir du professeur qui va l'ouvrir au début du cours, comme il le fait toujours. Et alors, alors... Le lendemain, la matinée passe très vite. Jean-Paul ne tient pas en place. De temps en temps, il jette un coup d'œil à son cartable anormalement grossi par le bocal qui contient sa prisonnière... A midi, alors que tout le monde est au réfectoire, Jean-Paul entre dans la classe vide. Il n'en mène pas large mais il est décidé à aller jusqu'au bout. Son bocal sous le bras, il ouvre le tiroir du bureau. Un quart de tour au couvercle et l'énorme, l'abominable araignée velue sort sans se presser. Le professeur de chant attrapera au moins une jaunisse en la voyant... Et c'est enfin le moment fatidique. Il est deux heures de l'après-midi. Toute la classe attend devant la salle de chant. Jean-Paul est sur des charbons ardents. Mais cinq minutes, dix minutes passent et le professeur ne vient pas. D'habitude il est à l'heure, impitoyablement à l'heure. Et au lieu de la silhouette du professeur de chant, c'est celle, maigre et longiligne, du directeur qu'on voit arriver. — Mes enfants, votre professeur est souffrant. Vous allez vous tenir sages pendant une heure. Pour Jean-Paul c'est un coup du sort : le professeur de chant, qui n'avait jamais été malade depuis des années, choisit précisément ce jour-là pour l'être... Maintenant, il va falloir récupérer l'araignée qui est toujours dans le tiroir. A la fin de l'heure, Jean-Paul s'attarde dans la classe. Une fois que tout le monde est parti, il sort rapidement son bocal. Franchement, il n'est pas brave. Si on le surprenait en ce moment, il n'ose pas penser à ce qui lui arriverait. Or, tout se passe bien. L'araignée regagne gentiment son bocal, comme si elle le reconnaissait, comme si elle avait envie de rentrer chez elle... (à suivre...)