Portrait n Mohamed Lamari, le ténor de La Casbah est l'intitulé du livre qui retrace le parcours artistique du chanteur, qui remonte à près d'une soixantaine d'années. Ainsi, après «Guerouabi», un livre consacré à l'un des maîtres de la chanson chaâbie, feu El-Hadj Mohamed Guerouabi en 2007, le journaliste Abdelkrim Tazarout renouvelle l'aventure, celle de consigner par écrit la mémoire de nos artistes qui, par leur talent et leur charisme, ont marqué le paysage musical algérien. «Après Guerouabi qui a eu un grand succès, dira Abdelkrim Tazarout, j'ai constaté lors de mes rencontres avec les lecteurs qu'il y a un intérêt pour ce qu'on peut appeler un travail sur la mémoire de notre patrimoine lyrique.» «Les gens viennent assister aux conférences avec des propositions et des archives. C'est tout dire. Cela vous interpelle forcément mais ce n'est pas évident du tout lorsqu'il s'agit d'entreprendre un travail sur un artiste car cela demande beaucoup de recherches et les sources d'informations sont rares. Bref ce qui me motive pour l'instant reste cette gratitude des lecteurs.» Cela explique alors les motivations de l'auteur, de revenir sur la carrière musicale de Mohamed Lamari, l'une des figures marquantes de la chanson algérienne moderne. Le livre de plus de 150 pages, une autobiographie parue aux éditions Rafar, est illustré par des photographies montrant l'artiste sur scène et ses participations aux différentes tournées nationales et internationales. Cet ouvrage retrace le parcours de ce grand nom de la chanson algérienne, qui remonte à près d'une soixantaine d'années. D'emblée, le lecteur est introduit dans la vie du père de l'éternelle chanson Djazaïria qui a su sauvegarder et transmettre son art de génération en génération en restant fidèle à sa manière d'interprétation sur scène qui lie gestuelle, intonation de la voix et émotions. Interrogé sur la particularité du chanteur, Abdelkrim Tazarout répondra : «Mohamed Lamari est avant tout un grand chanteur, une belle voix, un artiste au long parcours. Il totalise plus de soixante ans de carrière et arrive toujours à enflammer la scène par sa vivacité. Lamari a tout connu, le succès très jeune, les années de gloire mais aussi les années d'incertitude et de doute pour ne pas dire carrément de désarroi. De ce point de vue, il donne matière à réflexion sur la carrière des artistes en Algérie. Avec son parcours, il fait défiler les étapes traversées par l'Algérie et leur impact sur la sphère artistique.» A la question de savoir si le livre consacré à Mohamed Lamari a été réalisé sur un coup de cœur, l'auteur n'hésite pas à confier : «C'est forcément sur un coup de cœur. J'aime la chanson et je suis le premier fan des artistes. Je les ai connus et je les admire toujours.» «Le parcours des anciens artistes algériens, souligne-t-il, mérite qu'on leur rende hommage. Il faut juste se rappeler qu'être un artiste dans un passé récent était mal vu par la société algérienne. Ces artistes se sont tous confrontés à de multiples difficultés qu'ils ont pu surmonter par passion pour l'art qu'ils ont tenu à exercer.»On constate dans le paysage éditoriale algérien un manque effarant de livres sur les artistes ayant marqué la chanson algérienne et donc sur la mémoire artistique collective.«Effectivement, le constat est facile à faire mais il n'est jamais trop tard pour y remédier. Pour l'instant, il y a des actions individuelles mais cela reste insuffisant. Les éditeurs sont appelés à y penser pour créer des collections, dans le genre biographies pour encourager l'écriture de ce type de livres. Bref, il faut réfléchir au meilleur moyen de promouvoir l'idée de rendre hommage à nos artistes en leur consacrant un ouvrage, ne serait-ce que par devoir de mémoire.» Abdelkrim Tazarout a des projets en vue : «J'ai entamé des recherches sur Sadek Lebdjaoui, je suis en voie de finaliser un projet coup de cœur, un hommage aux belles voix féminines, qui a pour titre provisoire Elles, des voix algériennes'et je procède à la préparation d'un hommage que j'aimerais rendre au talentueux Brahim Izri, artiste et compositeur hors pair.»