Scrutin n Les Sud-Soudanais se prononcent dans un référendum qui déterminera la partition ou non du plus grand pays d'Afrique divisé entre un Nord arabo-musulman et un Sud afro-chrétien. Personne n'y croyait trop il y a encore quelques semaines, mais le référendum du Sud-Soudan attendu depuis plus de 50 ans par la population aura bien lieu du 9 au 15 janvier, malgré d'importants retards dans l'organisation qui avaient fait craindre un report du scrutin. Si la commission responsable d'organiser le référendum assure que «tout est prêt pour le grand jour», l'autre garantie qui s'ajoute au vent d'optimisme quant au futur des relations entre les ex-ennemis du Nord et du Sud, même en cas de sécession émane du Président soudanais. «Personnellement, je serai triste en cas de division du Soudan. Mais je célébrerai votre décision, même si vous choisissez la sécession», a déclaré, hier, mardi, le Président Omar El-Béchir, lors d'une rare visite à Juba, la capitale sudiste. Toutefois, l'indépendance du Sud-Soudan ne va-t-elle pas ouvrir une véritable boîte de Pandore en Afrique ? Les spécialistes craignent que cela se produise, d'autant que si tel était le cas, cela remettrait en cause les frontières héritées de la colonisation et pourrait créer un précédent pour d'autres régions tentées par la sécession. «Le Sud-Soudan est incontestablement un précédent. Il n'y a jamais eu de référendum dans un pays africain qui a permis à une partie de la population, à une région en particulier, de décider si elle avait l'intention de rester dans le cadre d'un Etat unitaire ou, au contraire, de faire sécession», notent des observateurs. Certes, l'Erythrée s'était prononcée en 1993 sur son indépendance face à l'Ethiopie, mais à la différence du Sud-Soudan, ce pays de la Corne de l'Afrique avait déjà existé en tant que colonie italienne. «Ce qui ajoute à la spécificité de la situation soudanaise, c'est le consensus international sur le référendum et sur le respect par toutes les parties du résultat de ce scrutin. C'est fondamental», souligne-t-on. Répartis en une soixantaine de tribus (Dinka, Nuer, Shillouk, Toposa, Azande, etc.), les Sudistes doivent désormais trouver en eux-mêmes les racines de ce qui les unit plutôt que de s'unir par simple opposition au Nord. Les Sud-Soudanais vont devoir se forger une identité nationale, ce qui n'est pas une tâche facile dans une région morcelée par la guerre et forte d'une diversité vertigineuse avec une soixantaine de tribus s'exprimant dans autant de langues.