A quelques jours du référendum du sud au Soudan prévu dimanche prochain, le président El Béchir s'est dit triste en cas de séparation mais heureux pour la paix. «Personnellement, je serai triste si le Soudan se sépare. Mais en même temps, je serai heureux si nous avons la paix au Soudan», a-t-il déclaré hier dans un discours prononcé hier à Juba capitale du sud. «Je célèbrerai votre décision, même si vous choisissez la sécession», a-t-il souligné dans son allocution retransmise en direct par la télévision. Le président El Béchir, reçu en fanfare, a assuré qu'il respecterait le résultat du référendum de dimanche, même s'il débouchait sur la sécession. Environ 500 personnes se sont rassemblées à l'extérieur de l'aéroport, criant des slogans comme «Non à l'unité» et agitant des drapeaux sudistes, dans une ambiance de fête. Il a aussi insisté sur son désir de maintenir de bonnes relations avec le Sud en cas d'indépendance, rappelant le lien unique entre les deux entités. «Tout ce dont vous aurez besoin en terme de soutien technique, logistique ou professionnel de Khartoum, nous serons prêts à vous le donner», a-t-il affirmé. Ces propos tenus par El Béchir, lors de cette visite reportée à maintes reprises, confirme sa série de déclarations favorables à la sécession du Sud. Dans son discours pour l'anniversaire de l'indépendance du Soudan, il avait affirmé que Khartoum «reconnaîtrait les résultats du référendum et qu'en cas de sécession, des liens forts devraient être tissés entre les deux pays». Des déclarations, louées par les autorités du Sud-Soudan. Lundi, une responsable du Mouvement populaire de libération du Soudan, Anne Itto, avait réfuté les objections à cette visite : «Je pense que les Sud-Soudanais ont déjà fait leur choix. Ils ont déjà choisi l'indépendance. Cette visite lui permettra de prendre le pouls des aspirations de la population». Ce scrutin concernera près de quatre millions de personnes (3,75 millions au Sud, 116 000 au Nord et 60 000 à l'étranger) qui se sont inscrites sur les listes électorales de ce vote sur l'aboutissement de l'accord de paix qui a mis fin à la guerre civile en 2005. Ce référendum se déroulera sous la surveillance d'observateurs américains, européens, chinois, africains et arabes. «Nous pensons que les bons signaux sont envoyés, tant au Nord qu'au Sud, au sujet du référendum et du respect des résultats», a indiqué le porte-parole de la diplomatie américaine. Pour sa part, la Chine, qui entretient de bonnes relations avec le Soudan, a dit espérer que le référendum se déroulerait «dans un contexte équitable, libre, transparent et pacifique». Par ailleurs, des observateurs estiment que cette tentative d'apaisement, tout comme l'appel aux partis d'opposition au Nord pour former un gouvernement d'ouverture est une réponse, à la forte pression, tant au sein du régime que sur le plan international, subie par Omar el Béchir. Pour d'autres, le véritable point d'achoppement se situe moins désormais dans l'acceptation des résultats que dans les questions de l'après référendum : la citoyenneté, la frontière non démarquée et surtout, la région contestée d'Abyei et le partage des revenus pétroliers. Enfin la commission référendaire a assuré que la pays est fin prêt à tenir à la date prévue le référendum après avoir achevé le nécessaire pour le bon déroulement des opérations de vote. «La commission a achevé ses rencontres avec les parties concernées et accompli sa mission relatifs à l'aspect sécuritaire», a déclaré sa porte-parole, Souâd Ibrahim Aissa, soulignant que «les opérations de vote se dérouleront en sécurité». Elle a précisé également que «tout est prêt pour recevoir les recours et les plaintes durant et après le vote», ajoutant que «les cartes de vote sont conçues de façon anti-fraude». Elle a assuré à tous les Soudanais que «le scrutin sera transparent et aura lieu sans fraude».