Résumé de la 63e partie n Le juge Leydet n'est pas satisfait des résultats des autopsies réalisées par le docteur Thoinot, pourtant un maître de la médecine légale, à l'époque. Thoinot répond à la demande du juge par un dossier où il expose le cas de chacun des quatre enfants. Il rejette formellement l'hypothèse de mort par strangulation et attribue chacun des décès à des causes naturelles. Georgette et Germaine sont mortes d'une contraction de la glotte, Suzanne de contractions de caractères éclamptiques, Marcel d'une laryngite diphtérique. Autrement dit, le médecin ne change pas d'un iota ses premières conclusions. La valeur des déclarations des témoins ? Il s'agit de déclarations de personnes ignorantes, qui n'ont aucune connaissance médicale. Elles ont tout simplement pris les signes d'étouffement provoqués par la maladie, pour une strangulation. Et l'avis des médecins de l'hôpital Bretonneau ? Pour Thoinot, il s'agit de l'avis de médecins généralistes, tout juste bons à soigner les rhumes et les angines, mais non autorisés à donner des opinions en matière de médecine légale. Le rapport est rédigé dans un style plein d'insuffisance qui déconcerte le juge. Pas plus que le précédent, le nouveau rapport de Thoinot ne parvient pas à ébranler la conviction du juge. Pour ce dernier, c'est Jeanne qui a tué les enfants. C'est pour cette raison qu'il a communiqué le dossier, avec cette conclusion, au juge Seeligman qui inculpe aussitôt Jeanne Weber du meurtre de quatre enfants et de tentative de meurtre sur un cinquième. L'affaire paraît claire, cependant, les conclusions de Thoinot vont jeter le trouble dans l'esprit du président de la cour, le juge Bertholus. Celui-ci, s'il a appris à faire confiance aux enquêtes policières et à tenir compte des déclarations des témoins, ne voue pas moins de l'admiration pour les hommes de science. Pour avoir le cœur net, il demande d'autres autopsies. Cette fois-ci, il fait appel au professeur Brouardel, le maître de Thoinot. On a écrit plus tard que l'éminent médecin légiste qui n'avait plus que six mois à vivre, était miné par la maladie et qu'il n'avait pas fait les autopsies. Un rapport portant sa signature et celle de Thoinot est cependant remis à la justice, avec cette conclusion : les enfants Weber ne sont pas mort des suites de strangulation, mais de maladie ! Cette fois-ci, le procès ne peut plus être ajourné. Le procès s'ouvre le 29 janvier 1906. Bertholus et Seeligman sont persuadés de la culpabilité de Jeanne Weber, mais ils savent que les témoignages de Brouardel et de Thoinot, maîtres de la médecine légale française, vont peser lourd dans les débats. «On ne peut soutenir que ces enfants sont victimes de strangulation ou de tentative d'étouffement !» Ces déclarations ne s'accordent pas avec les conclusions de la police et surtout avec les témoignages des parents et des voisins des victimes. La mère et la tante du petit Maurice sont formelles : «nous serions arrivées une minute plus tard et le petit mourait étouffé !» Avaient-elles confiance en Jeanne ? — oui, elle aimait garder les enfants… mais maintenant, on se rend compte que les enfants confiés à sa garde sont tous morts ! — cette femme est un monstre ! (à suivre...)