Résumé de la 10e partie n Thoinot, médecin légiste réputé, effectue l?autopsie de trois des victimes présumées de Jeanne Weber. Il conclut à des morts naturelles. Le lendemain, il procède à l?autopsie de Marcel Weber, le propre fils de Jeanne. Comme les autres enfants, le jeune garçon n?est pas mort des suites d?une strangulation. Thoinot infirmera tout de même le diagnostic du médecin qui l?a soigné, le docteur Moock, qui a conclu à une méningite : Marcel est mort des suites d?une laryngite diphtérique. Le juge Leydet est surpris, puis déconcerté par les rapports de Thoinot. Il y a, en effet, une contradiction flagrante entre les résultats de l?enquête de police qui établit la culpabilité de Jeanne Weber et ceux de l?enquête qui l?innocentent. «Comment diable, s?écrie le juge, peut-il dire que ces enfants ne sont pas morts étranglés ?» Leydet est un homme qui voue beaucoup d?admiration à la médecine légale et qui n?hésite pas à y recourir pour éclaircir des affaires criminelles, mais dans ce cas, il ne peut accepter sans réticence les conclusions de Thoinot. S?est-on trompé au cours de l?enquête ? Les témoignages ont-ils été mal consignés ? En homme consciencieux, il va reprendre l?enquête de la mi-avril à la mi-juin 1905. Les témoins sont de nouveau entendus et leurs déclarations notées : comme la première fois, tous accablent Jeanne. A chaque fois, elle tenait un enfant sur ses genoux et pressait fortement ses mains sur sa poitrine. Le juge va compulser tous les ouvrages qu?il trouve sur le sujet, notamment ceux de Tardieu et Brouardel. Il réunit les résultats de l?enquête et les communique à Thoinot, lui demandant de se prononcer sur la valeur scientifique des déclarations des témoins. Autrement dit, ce qu?ils soutiennent ne laisse-t-il pas entendre que les enfants sont morts par strangulation ? Il lui demande aussi de se prononcer sur les déclarations du docteur Saillant et d?autres médecins de l?hôpital Bretonneau, qui ont examiné le jeune Marcel Weber qui a échappé à la mort. Celui-ci avait été confié à Jeanne et sa mère l?avait trouvé, suffoquant, la jeune femme pressant les mains sur sa poitrine. Le docteur Saillant a relevé sur son cou des traces de strangulation, disparues depuis. Thoinot répond à la demande du juge par un dossier où il expose le cas de chacun des quatre enfants. Il rejette formellement l?hypothèse de mort par strangulation et attribue chacun des décès à des causes naturelles. Georgette et Germaine sont mortes d?une contraction de la glotte, Suzanne de contractions de caractère éclamptique, Marcel d?une laryngite diphtérique. Autrement dit, le médecin ne change pas d?un iota ses premières conclusions. Quelle est la valeur des déclarations des témoins ? Il s?agit de déclarations de personnes ignorantes, qui n?ont aucune connaissance médicale. Elles ont tout simplement pris les signes d?étouffement, provoqués par la maladie, pour des actes de strangulation. Et l?avis des médecins de l?hôpital Bretonneau ? Pour Thoinot, il s?agit de l?avis de médecins généralistes, tout juste bons à soigner les rhumes et les angines, mais non autorisés à donner des opinions en matière de médecine légale. Le rapport est rédigé dans un style plein de suffisance qui déconcerte le juge. (à suivre...)