Mécontentement n Des revendications socioéconomiques, identitaires ou politiques. Les motifs diffèrent d'une année à l'autre. Mais le facteur commun est l'instabilité dans laquelle le pays est plongé depuis plus de trente ans. Des citoyens sortent dans la rue pour exprimer leur ras-le-bol, scandant leurs préoccupations face auxquelles le pouvoir politique fait la sourde oreille. Les brigades anti-émeutes ripostent, blessent, arrêtent et parfois même tuent des citoyens, dont le seul tort est de réclamer des droits légitimes. Les émeutes durent des jours, des semaines et parfois des mois. Des villes sont mises à feu et à sang. Des sièges d'institutions étatiques saccagés, des commerces pillés et des voitures brûlées. Les pouvoirs publics réagissent toujours en retard et font, dans la plupart des cas, des interventions qui attisent le feu. Tout finit par des promesses de prendre en charge les revendications des manifestants dans les «meilleurs délais». Le «silence» s'installe de nouveau dans nos villes. Mais ce n'est que le calme qui précède la tempête. Quelques mois plus tard, une autre étincelle jaillit et le feu de la colère se propage rapidement dans plusieurs régions du pays. C'est là le scénario auquel sont habitués les Algériens. Au lieu de répondre aux revendications des citoyens, les autorités publiques ont toujours distillé des discours creux et de vagues promesses. En sus d'engagements non tenus, les pouvoirs publics tentent de jouer sur la fibre nationaliste pour apaiser les esprits. Ministres et autres responsables de l'Etat affectionnent la thèse de «la main étrangère» et «des ennemis de l'Algérie» qui sont derrière les événements. Un discours qui a toujours eu l'effet contraire. Les citoyens qui attendent une réaction positive, sont ainsi confrontés au mépris des autorités. De toutes les revendications affichées, rares sont celles qui ont été totalement satisfaites. Et lorsque la réponse est positive, les problèmes sont réglés à moitié ! L'exemple des émeutes des habitants de bidonvilles et d'autres logements vétustes à Alger en est la meilleure illustration. Les protestataires ont été relogés dans de nouvelles cités, mais les autorités n'ont pas pris en considération les besoins réels des familles. On a attribué, à titre d'exemple, des F2 à des familles composées de plus de dix personnes. Et les commissions de recours mises en place à cet effet ne répondent que rarement aux doléances des concernés. Le retour aux émeutes n'est pas écarté par ces derniers. Et les mesures prises par le gouvernement relatives à la baisse des prix de l'huile et du sucre «jusqu'à août 2011» ne semblent pas avoir l'effet escompté, puisque d'autres émeutes ont éclaté après l'annonce de ces mesures. Et qui a dit que ces émeutes sont réellement provoquées par la hausse des prix, puisque les manifestants n'ont mis en avant aucune revendication précise ? Le pays est-il alors à l'abri d'autres révoltes populaires ?