Réalité n Les émeutes enregistrées régulièrement à travers le pays renseignent clairement sur le marasme social que vit le citoyen algérien. Devant la bureaucratie et le manque de considération, on recourt à la rue pour revendiquer ses droits. L'émeute demeure, donc, l'un des moyens d'expression les plus utilisés dans la société. Devant le déficit flagrant en matière de communication entre gouvernants et gouvernés, la négligence des responsables des revendications des populations, les citoyens recourent aux démonstrations de force pour se faire entendre. Fermer les routes et les sièges des APC ou de daïras, observer des sit-in devant des institutions publiques, mener des grèves de la faim et brûler des pneus sur la chaussée, les méthodes diffèrent, mais la fin demeure toujours la même : faire entendre des revendications longtemps refoulées. Parfois, le moindre prétexte peut déclencher une émeute qui fait tache d'huile dans toute une région. Les gens n'hésitent plus à s'élever contre la mal vie et les problèmes empoisonnant leur existence. Ces démonstrations de force sont désormais banalisées, exprimant clairement la méfiance des citoyens à l'égard des responsables et des élus locaux. L'été qui vient de s'achever, n'as pas dérogé à la règle et a eu son lot d'émeutes. Plusieurs mouvements de contestation ont été, en effet, enregistrés aux quatre coins du pays. Une simple coupure de courant électrique ou d'eau potable, une opération de distribution de logements douteuse, un feu de forêt ou encore des chômeurs qui se sentent lésés dans un concours de recrutement et... c'est l'émeute. Si les problèmes de logement et du travail étaient auparavant les premières causes des émeutes en Algérie, aujourd'hui, il faut le dire, tous les problèmes font peser des risques d'émeutes. Ces protestations sont généralement un cumul de colères. C'est pour cette raison que nous voyons, par exemple, des citoyens prendre prétexte d'une coupure d'eau ou d'électricité pour sortir dans la rue et rappeler aux autorités locales les problèmes qu'ils vivent quotidiennement et exposer toutes des doléances ayant trait au développement de leur localité de manière générale. En quelque sorte, les gens n'attendent qu'une défaillance flagrante pour s'exprimer contre la mal vie et les conditions difficiles qu'ils rencontrent quotidiennement. C'est ce qui a été constaté ces derniers mois dans plusieurs localités du pays et il est impossible de citer dans cet espace toutes les émeutes car elles sont innombrables. A Alger, en Kabylie à l'est comme à l'ouest du pays et même dans le Sud, les mouvements de protestation se multiplient en cascade. Dans les villes comme dans les villages, les problèmes ne manquent pas. Si dans plusieurs villages, on souffre du manque d'eau et du délabrement du réseau routier, dans les milieux urbains on souffre du manque de logements, de la pollution… Bref, chaque région a ses problèmes. Cela dit, l'été ne s'est pas seulement distingué par les grandes chaleurs. Il y a eu aussi les délestages et les coupures d'eau qui ont poussé plusieurs citoyens à crier leur ras-le-bol dans la rue...