La tenue en avril prochain des élections législatives et locales ne manquera pas de «provoquer»une vague de protestation. L'année 2007 s'annonce très mouvementée au vu de la grogne qui caractérise certains secteurs sensibles. Le débrayage annoncé dans les stations-service, les officines pharmaceutiques, l'enseignement supérieur... et même les vétérinaires qui menacent de ne pas contrôler la viande, pendant la prochaine fête de l'Aïd, sont les signes avant-coureurs d'une grogne sociale complexe. D'autant plus que cette montée au créneau des syndicats intervient dans une conjoncture marquée par la poursuite du processus des privatisations, qui, d'après la présidente du Parti des travailleurs, pourrait coûter 50% de postes d'emploi. Ce qui viendrait encore une fois «doper» le taux de chômage qui a atteint, au cours de ces dernières années, un seuil préoccupant, même si les pouvoirs publics adoptent un ton rassurant. Un facteur défavorable à la stabilité sociale. Un large fossé sépare donc la réalité du terrain et la logique des chiffres brandis à chaque fois par les responsables. Par ailleurs, l'année 2007 c'est aussi celle des échéances électorales. La tenue en avril prochain des élections législatives et locales ne manquera pas de «provoquer» une vague de protestation, aussi bien au niveau des collectivités locales, que des sociétés nationales, concernées par l'opération de privatisation et/ou de restructuration. Cette année sera aussi celle de la contestation populaire, puisque, comme à chaque veille d'élections capitales, certains élus attendent le moment approprié pour afficher les listes de bénéficiaires de logements. Et c'est là où réside la surprise. Des dizaines de citoyens seront sacrifiés sur l'autel de considérations purement politiciennes. Ce qui ne manquera pas d'alimenter l'instabilité. «Souvent ce sont des personnes qui ne sont pas dans le besoin qui sortent sur la liste des bénéficiaires de logements», avait déclaré le chef de l'Etat dans une allocution prononcée à l'occasion des dernières Assises nationales de l'architecture. Le président a plaidé pour une meilleure transparence et a exhorté les administrations et notamment les élus, à jouer leur rôle «correctement» dans le respect du cadre de vie et architectural des constructions. Pour le président Bouteflika, «il faut impérativement rompre avec les approches inadaptées et dangereusement perverses et se mettre progressivement en phase avec tout ce qu'impliquent, aujourd'hui, notre condition collective et les attentes individuelles légitimes». Il est donc clair que même des responsables censés veiller au respect de la confiance que les administrés ont placée en eux, sont souvent les détonateurs de tensions sociales. D'ailleurs, la vague d'émeutes qui avait secoué, à la veille des élections législatives de 2004, plusieurs régions du pays, révèle ce ras-le-bol généralisé, qui ne trouve comme seul moyen d'expression que le recours systématique à la rue. Les principales revendications des émeutiers étaient liées à l'injustice et au manque de considération à leur égard de la part des élus locaux.