Sacre n Secouée comme jamais, la France a tenu bon dans la tempête pour s'adjuger le titre mondial grâce à une victoire (37-35 a.p.) au terme d'une finale magnifique contre le Danemark au Championnat du monde de handball, hier, à Malmö. Dès le début du match, le capitaine Jérôme Fernandez et Michaël Guigou indiquent la voie à suivre. Les Bleus prennent tout de suite les devants (3-1 puis 5-3 après 10 minutes). Dans la cage, Thierry Omeyer fait ce qu'il peut. Meilleur buteur du tournoi, Mikkel Hansen (5 buts en première période) n'est pas là non plus pour plaisanter. Il permet aux Danois de rester dans le match avec des tirs surpuissants à 9 mètres (9-7, 16e). Après le premier quart d'heure, les joueurs d'Ulrik Wilbek se relâchent quelque peu. Les pertes de balles se succèdent et Hansen ne trouve plus la mire de loin. Au service des Bleus, Nikola Karabatic délivre les caviars. Solides et bien installés dans le match (malgré deux tirs à 7 mètres ratés sur quatre tentatives), les Bleus atteignent la mi-temps avec trois buts de plus que leurs homologues scandinaves (15-12). Rien d'anormal jusque-là. Au retour des vestiaires, les Experts bafouillent leur handball. Karabatic se précipite. Après une longue séquence offensive, Accambray reste quelques secondes au sol, se plaignant de la main droite. Luc Abalo puis Michaël Guigou perdent bêtement un ballon sur contre attaque (19-17, 37e). Barachet tente ensuite de renverser le jeu pour l'ailier montpelliérain mais le jeune Landin montre que lui aussi aurait pu être élu dans le sept majeur du tournoi. Karabatic et Accambray redonnent un peu d'air aux Français (21-18, 40e). Barachet se croit au Superbowl avec une interception à une main de grande classe (42e). Les Français restent néanmoins sous la menace scandinave (23-22, 46e). La défense tricolore se fait surprendre par la vivacité danoise. La situation, qui n'a rien de critique, n'est tout de même pas très bien embarquée. Mikkel Hansen poursuit son festival (25-25, 50e). Onesta demande alors à Abalo de prendre l'arrière gauche danois en défense stricte. Jusqu'au bout, les Bleus sont en apnée (27-26, 53e). La fin de match est irrespirable. Sur un passage en force danois évident, les arbitres y voient une faute de Fernandez qui écope de deux minutes. Le sélectionneur fulmine sur son banc et le Danemark recolle au score (29-29, 57e). Landin permet aux siens d'y croire encore sur un tir au pivot de Gille (30-30, 59e). Après s'être arraché, Karabatic pense offrir le titre à la France mais Bo Spellerberg arrache la prolongation à cinq secondes du buzzer (31-31). L'équipe de France la débute en infériorité numérique ; Bertrand Gille ayant été invité à rejoindre le banc juste avant l'égalisation scandinave. Les hommes sont fatigués. Les premières minutes ne ressemblent pas à grand-chose. Le Danemark passe devant pour la première fois du match (32-33, 63e). Grâce à Karabatic puis Guigou, les Bleus reprennent tout de même l'avantage avant la mini-pause (34-33, 65e). Fernandez prend ses responsabilités (36-34, 69e). Les Danois ne reviendront plus (37-35, 70e). Au bout du suspense, les hommes de Claude Onesta décrochent un quatrième titre mondial, le deuxième de rang. Leur histoire se transforme en légende. Il a été élu meilleur joueur du tournoi Karabatic : «On a gagné avec nos tripes» Nikola Karabatic, meneur de jeu de l'équipe de France de handball, a reconnu qu'il était «sur un nuage», hier, après la finale. «On a vraiment gagné avec nos tripes, avec le courage. On s'est battus jusqu'au bout et c'est encore plus beau», a déclaré le meilleur réalisateur français de la finale avec dix buts. «On ne s'y fait toujours pas. C'est toujours aussi dur de réaliser, de se rendre compte qu'on est encore champions du monde. Je suis sur un nuage à la fin du match. Je demandais à mes coéquipiers si on l'avait vraiment fait», a-t-il ajouté. «C'est indescriptible. C'est tellement beau de partager ça avec ses coéquipiers. En plus, aujourd'hui, ça a été un match très dur.» Le meneur de jeu des Experts, qui avait été élu meilleur joueur du tournoi par la Fédération internationale avant la finale, a reconnu que «partir en prolongation» avait été «dur mentalement». «Tu as tout donné pendant 60 minutes, tu es mort et il faut rejouer dix minutes. C'était très dur, mais on est allés chercher cette victoire au fond de nos tripes. C'était magnifique.» Karabatic a aussi trouvé l'énergie de plaisanter en soutenant que l'équipe de France avait «fait un petit peu de suspense, pour que les gens nous regardent un peu plus longtemps». «Avant, on avait droit à soixante minutes sur la télé publique. Là, on a eu dix minutes de plus avec les deux prolongations, c'est pas mal pour notre sport.» La couronne Quatrième titre mondial pour les Bleus La France a été sacrée championne du monde de handball pour la quatrième fois de son histoire en battant le Danemark 37 à 35 après prolongation en finale du Mondial-2011, dimanche à Malmö. Les Bleus avaient déjà remporté dans les mêmes conditions la finale du Championnat du monde 2001 à Paris face à la Suède. Ce quatrième titre mondial, après ceux de 1995, 2001 et 2009, leur permet de rejoindre la Suède et la Roumanie au palmarès. C'est aussi le quatrième grand titre d'affilée pour les Bleus après leurs victoires aux JO de Pékin en 2008, au Mondial-2009 et à l'Euro-2010, un quadruplé jamais réalisé. Au total, la France compte désormais sept titres majeurs. Avoir réussi à les amasser en seulement seize ans témoigne de l'ascension fulgurante d'une équipe qui, il y a trente ans encore, n'évoluait qu'en troisième division mondiale. La prime 40 000 euros par joueur Chaque joueur français va toucher 40 000 euros de prime individuelle après la victoire des Bleus au Mondial, dimanche à Malmö. En cas de défaite en finale face au Danemark, ils n'auraient touché que 25 000 euros, alors qu'une médaille de bronze rapporte 20 000 euros, selon le barème appliqué depuis deux ans et la victoire des Bleus au Mondial 2009 en Croatie. L'objectif On pense déjà aux J.O. de Londres Ce nouveau titre offre aussi aux Bleus la qualification directe pour les Jeux Olympiques de Londres en 2012 et le prochain Mondial qui aura lieu l'année suivante en Espagne, un luxe appréciable pour des joueurs très sollicités. En Suède, les joueurs de Claude Onesta, ont réalisé un parcours sans faute, remportant neuf matches sur dix, concédant seulement un match nul au premier tour à l'Espagne, qui a pris la médaille de bronze hier. Ils ont survolé la deuxième phase, battant la Hongrie, la Norvège et l'Islande pour atteindre leur huitième carré final de suite dans un grand tournoi. Ils y ont dominé deux autres équipes scandinaves avec la Suède, battue 29-26 en demi-finales vendredi et le Danemark hier. Le doute était pourtant permis en début de tournoi avec les absences de deux acteurs majeurs des précédentes campagnes, Daniel Narcisse et Guillaume Gille. Mais les absences ont été compensées par deux jeunes qui ont réussi un Mondial étonnant, William Accambray et surtout Xavier Barachet, auteur d'un nouveau gros match en finale. Et assurer ainsi un quatrième sacre qui est aussi le troisième titre mondial personnel pour Didier Dinart, Jérôme Fernandez et Thierry Omeyer, déjà là en 2001 en 2009 et qui ont déjà promis de continuer au moins jusqu'à Londres. La réaction Omeyer : «Nous avons montré que nous étions forts» Thierry Omeyer, le gardien de but de l'équipe de France, a décroché son troisième titre de champion du monde, et Bertrand Gille son deuxième : «Je suis content, je suis champion du monde. Notre victoire est méritée car on s'est battus jusqu'au bout. Il y a eu des moments difficiles car les Danois y ont cru jusqu'à la fin. Quand une équipe revient à cinq secondes de la fin du temps réglementaire, c'est souvent elle qui gagne. Dans le vestiaire, je me suis dis : si j'avais arrêté ce ballon, on aurait gagné. Mais il a fallu évacuer ça et refaire la course devant. Nous avons montré que nous étions forts mentalement et on a réussi à les faire craquer. Cela a été dur en seconde période pour moi. Les Danois trouvaient de bonnes solutions. J'ai essayé de rester concentré. Je devais faire cet arrêt. Je voulais le faire pour aider l'équipe.» Le palmarès Les dix derniers podiums 2010 (Suède) : 1. France 2. Danemark 3. Espagne 2009 (Croatie) : 1. France 2. Croatie 3. Pologne 2007 (Allemagne) : 1. Allemagne 2. Pologne 3. Danemark 2005 (Tunisie) : 1. Espagne 2. Croatie 3. France 2003 (Portugal) : 1. Croatie 2. Allemagne 3. France 2001 (France) : 1. France 2. Suède 3. Yougoslavie 1999 (Egypte) : 1. Suède 2. Russie 3. Yougoslavie 1997 (Japon) : 1. Russie 2. Suède 3. France 1995 (Islande) : 1. France 2. Croatie 3. Suède 1993 (Suède) : 1. Russie 2. France 3. Suède Le classement final 1. France 2. Danemark 3. Espagne 4. Suède 5. Croatie 6. Islande 7. Hongrie 8. Pologne 9. Norvège 10. Serbie 11. Allemagne 12. Argentine 13. Corée du Sud 14. Egypte 15. Algérie 16. Japon 17. Slovaquie 18. Autriche 19. Roumanie 20. Tunisie 21. Brésil 22. Chili 23. Bahreïn 24. Australie