Nouvelle n Fatima la regarde. Sa belle-sœur a pris un air grave, presque solennel. Qu'a-t-elle de si important à lui dire ? C'est l'hiver et dans ce village haut perché, il fait un froid de canard. Les rues sont vides et les rares passants s'empressent de rentrer chez eux. D'ailleurs, il a commencé à pleuvoir. Assise devant le vieux poêle, Fatima se chauffe. Elle tend une main puis une autre et les frotte énergiquement. Elle approche de la cinquantaine et, malgré les rides qui labourent son visage, elle a gardé la finesse de ses traits et ses grands yeux bleus. Un bleu aujourd'hui délavé mais qui a dû, autrefois, briller de l'éclat de la jeunesse. La porte de la grande pièce grince. Fatima lève les yeux. C'est Zahia, sa belle-sœur. — Brr… il fait froid ! dit Zahia. Fatima lève les yeux vers elle. — Viens te chauffer. Elle recule un peu pour lui faire une place. Zahia s'assoit. — Mourad n'est pas encore rentré ? — Non, aujourd'hui il a cours jusqu'à cinq heures ! Fatima soupire. — J'espère qu'il arrivera avant qu'il ne pleuve ! Zahia hoche la tête. — espérons-le ! — Heureusement que j'ai insisté pour qu'il mette son anorak. Zahia hausse les épaules. — Tu sais comment sont les gosses… Les adultes aussi, d'ailleurs ! Fatima lève les yeux vers sa belle-sœur. — Eh bien, imagine-toi, continue Zahia, que ton frère est sorti sans manteau ! Il est rentré transi de froid ! — Mohammed est rentré ? — Oui… Fatima veut se lever. — Je vais lui préparer son café ! — Reste, dit Zahia, il le prendra tout à l'heure… Fatima insiste. — Tu sais bien qu'il aime prendre son café, quand il arrive… — Je sais… — Alors, il doit le prendre ! Elle se lève. Zahia lui demande de se rasseoir. — Reste. Fatima la regarde. — Qu'est-ce qu'il y a, tu veux m'empêcher de voir mon frère ? Zahia secoue la tête. — Non, non… en fait, j'ai à te parler. Fatima la regarde. Sa belle-sœur a pris un air grave, presque solennel. Qu'a-t-elle de si important à lui dire ? (suivre...)