Résumé de la 8e partie n Fatima refuse de pardonner à son mari qui l?a abandonnée ainsi que ses enfants. Depuis qu?il est revenu ? quasiment mort ? elle n?a pas prononcé un mot. Les voisins et les amis sont retournés chez eux, seuls sont restés les proches parents, pour veiller celui qui, visiblement, ne va pas tarder à mourir. Ses fils sont là, ainsi que sa femme, Fatima, toujours silencieuse, assise à son chevet, le regardant. Lui n?arrête pas de geindre, sa respiration est saccadée, il souffre, sans doute, terriblement. Sa poitrine monte et descend comme un soufflet de forge. De temps à autre, il ouvre les yeux, regarde autour de lui comme s?il cherchait quelqu?un ou quelque chose, puis il les referme, retournant à sa léthargie. La cousine Dahbia s?approche de nouveau de Fatima. ? Tu n?as donc aucune pitié ? Tu ne veux pas le soulager ? Tu le hais à ce point ? Fatima baisse les yeux et reste silencieuse. Dahbia insiste. ? Mais pardonne-lui, pour qu?il meure en paix ! De toute façon, là où il va, il aura à rendre compte de son comportement dans ce bas monde ! Alors, fais un geste ! Fatima reste imperturbable. ? Pardonne-lui, pardonne-lui ! Mais Fatima ne bouge pas. Rabah, son fils aîné, s?approche. ? Tante Dahbia, ma mère est très affectée ! ? Je voudrais qu?elle pardonne à ton père pour qu?il puisse mourir en paix ! ? Elle refuse, ma tante, il ne faut pas la forcer?. ? Comme tu voudras mon fils ! Et la vieille va reprendre sa place avec les autres femmes. Fatima, elle, assise sur une chaise et toujours silencieuse, se met en face de son époux. Ses fils, à l?exception de Rabah, fatigués, quittent un à un la pièce. C?est alors que Fatima parle. ? Va te reposer, dit-elle à Rabah. ? Je reste, lui répondit-il. ? Non, va dans ta chambre, moi je reste. Si son état s?aggrave, je t?appellerai. ? Nous aussi nous resterons, dit Dahbia, personne ne dormira, ne t?inquiète pas ! Rabah s?en va. Dahbia soupire. ? Il peut tenir encore un jour ou deux, le pauvre homme ! ? Je connais quelqu?un dont l?agonie a duré plusieurs jours, dit une femme restée pour la veillée. ? Et moi, dit une autre, je connais quelqu?un qui n?est mort qu?après que sa femme lui eut pardonné toutes les souffrances qu?il lui a fait endurer. Dahbia intervient : ? C?est peut-être ce que celui-là attend également ! ? Sans doute, sans doute, dit la première femme qui a parlé. Il faut dire que le pauvre homme a fait souffrir les siens ! On regarde du côté de Fatima comme pour solliciter d?elle une réaction, mais la vieille femme s?est, de nouveau, murée dans son silence. Les autres continuent à parler à voix basse, puis une à une, elles s?assoupissent, vaincues par la fatigue. (à suivre...)