Résumé de la 11e partie n Tahar est dans un état comateux, mais il reste en vie, attendant toujours le pardon de sa femme. Mohammed retourne l?après-midi chez le vieux. ? Toujours dans le même état, dit Salah. On a cru plus d?une fois qu?il allait rendre l?âme, mais, à chaque fois, il a repris connaissance. Ses fils ont fini par lui pardonner, mais pas sa femme ! ? Je te l?ai dit, elle est sans c?ur. Salah le conduit dans la chambre du malade : il lui semble qu?il est encore plus pâle et plus affaibli, mais sa poitrine continue à se soulever dans un mouvement saccadé, qui indique qu?il est toujours en vie. Une jeune fille ? une de ses petites-filles, lui apprend Salah ? est à son chevet avec un bol d?eau et une cuiller à la main. De temps à autre, elle lui en fait prendre quelques gouttes. Fatima, la vieille épouse, elle, est assise sur une chaise, le regard absent. La jeune fille verse quelques gouttes d?eau dans la bouche du malade. Il les rejette et se dresse presque sur son séant, les yeux hagards, la bouche ouverte. ? Fatima, au nom de Dieu, pardonne-moi ! ? Il reprend vie ! s?exclame la jeune fille. Les gens présents se précipitent. La vieille Fatima, elle, sursaute. ? Par pitié, dit encore Tahar. Fatima le regarde. Elle secoue la tête. ? Je souffre, je souffre, dit le vieux. Il donne l?impression d?avoir retrouvé entièrement ses sens, mais ce n?est qu?une impression. Il retombe vite sur le lit, épuisé, la poitrine se soulevant dans un mouvement rapide puis, progressivement, la respiration ralentit et s?arrête. Rabah, son fils aîné, s?approche de lui. D?autres personnes le suivent. On s?agglutine autour du lit. ? C?est fini, dit Salah. ? Il n?y a de Dieu que Dieu et Mohammed est Son Prophète, dit une vieille. C?est alors que Fatima, drapée dans son châle, avance. On s?écarte pour la laisser passer. Elle s?approche du lit. Elle regarde le pauvre corps, la bouche ouverte. Ses yeux rencontrent ceux de l?homme à qui elle a refusé le pardon : des yeux qui semblent fixés dans le vide, attendant qu?une main charitable rabatte dessus, pour toujours, les paupières. Brusquement, le regard se rallume, la bouche s?ouvre et se ferme et la poitrine bouge de nouveau. ? Fatima, Fatima? Elle se sent comme prise au piège, ne pouvant plus reculer, ne pouvant plus détacher ses yeux de ces yeux qui commencent déjà à chavirer, happés par la mort. ? Mère?, dit Rabah. ? Tante?, dit Salah. Elle ferme alors les yeux et prononce péniblement les mots que Tahar réclame tant, depuis plusieurs heures. ? Je te pardonne. Quand elle rouvre les yeux, ceux de Tahar se sont fermés. Cette fois pour toujours.