Résumé de la 2e partie n Fatima est demandée en mariage, mais elle refuse. Il y a vingt ans, elle a été abandonnée par son fiancé. Depuis, elle veut vivre en célibataire. Elle ne voit pas son frère de toute l'après-midi, pourtant il est rentré. D'habitude il vient toujours bavarder avec elle, c'est elle aussi, et non sa femme, qui lui sert le café. Une habitude qu'il avait prise bien avant son mariage et qu'elle a tenu à conserver. Il faut dire qu'elle non plus, n'a pas quitté la pièce commune, celle qui donne sur la cour de la maison, de peur de le rencontrer. Elle aperçoit un de ses neveux, Mourad, en train de jouer. Elle l'appelle. Le petit accourt : — Ton père est à la maison ? — Oui, dit le petit, il est dans sa chambre. — Tu es sûr ? — Oui, ma tante.Tu veux que je l'appelle ? — Non, non, dit la jeune femme, retourne jouer ! De toute façon, si Mohammed ne vient pas lui parler maintenant, il lui parlera ce soir au dîner. Elle a déjà pensé à la réponse qu'elle lui donnera quand il abordera de mariage. «Tu sais bien que je ne veux pas me marier, ce n'est pas à mon âge qu'on convole en justes noces !» Il lui dira : «Tu es encore jeune, tu dois penser à l'avenir !» elle dira encore non, il se fâchera et elle se mettra à pleurer, elle lui dira qu'il cherche à se débarrasser d'elle… Il protestera bien sûr mais il finira par battre en retraite. «Tu n'as qu'à faire comme tu l'entends, tant pis si tu rates la chance de ta vie…» Elle sourit en imaginant ce scénario : en fait, elle l'a déjà vécu plusieurs fois. Quatre ou cinq hommes ont demandé sa main : tous de beaux partis, mais, imperturbablement, elle les a tous repoussés. Elle ne veut pas se marier ! Ce n'est pas qu'elle déteste les hommes, mais il y a vingt ans, un homme qu'elle aimait, Ahmed, et qui avait demandé sa main lui avait dit : «Je pars travailler à l'étranger. Dans une année, je reviendrai et nous nous marierons !» Elle lui a fait la promesse de l'attendre et elle l'attend depuis vingt ans ! il a écrit deux ou trois fois demandant toujours à la jeune femme d'attendre puis il n'a plus donné signe de vie. Même sa famille, qui l'a cherché par la suite, n'a pu retrouver sa trace. Son père et sa mère, qui vivaient encore, lui ont dit qu'elle n'allait pas passer le reste de sa vie à l'attendre. «Il a dû se marier avec une Européenne !» ; elle a refusé de le croire : Ahmed, c'est son prénom, n'est pas homme à l'oublier ! «Alors, lui a dit sa mère, il a dû lui arriver quelque chose. Peut-être même est-il mort !» Mais Fatima n'a rien voulu entendre : elle continuera à attendre Ahmed et s'il est mort, elle portera son deuil ; Les années ont passé et Ahmed n'est pas revenu… Les parents de Fatima sont morts, ses sœurs et ses frères se sont mariés. Elle est restée, dans la maison familiale, avec Mohammed, le cadet. Mohammed l'aime bien et s'il veut qu'elle se marie c'est avant tout parce qu'il pense qu'elle a trop attendu et qu'elle risque de rater sa vie… «Je voudrai te garder tout le temps avec moi, mais je pense à toi. Une femme doit se marier.» Elle sait que son frère a raison, mais elle s'accroche toujours à l'idée qu'Ahmed finira par revenir. «J'attendrai encore…» (A suivre...)