InfoSoir : Quel est le nombre de sans-abri qui ont été pris en charge par le Samu social d'Alger en 2010 ? M. Alilat : Il est vraiment très difficile de dénombrer les sans-abri. En 2010, nous en avons pris en charge 1 630 : 1 227 hommes, 348 femmes et 55 enfants. Lors de notre dernière tournée, durant la dernière vague de froid, en novembre et décembre derniers, nous avons pris en charge 190 personnes, dont 24 femmes et 9 enfants. A Alger, plus de 90% des sans-abri viennent des 47 wilayas. C'est un problème qui doit être pris en charge à l'échelle nationale et non pas locale, seulement. Les centres d'Alger sont complètement saturés. Ces dernières années, nous avons constaté que des familles entières vivaient dans la rue. Nous ne pouvons pas prendre en charge des familles entières. Si on regroupe une famille dans un centre, elle y restera. Le Samu social est un dispositif d'aide social d'urgence aux personnes les plus vulnérables. Un SDF remplit trois critères : une personne qui a rompu toute relation avec la société pour diverses raisons, n'a aucune ressource et aucun refuge. Effectuez-vous régulièrement des tournées dans les rues de la capitale ? Effectivement, nous avons trois équipes qui travaillent la nuit et deux autres la journée. Notre dispositif travaille en deux étapes. Des équipes mobiles composées de psychologues, d'infirmiers et parfois de médecins sillonnent les rues de la capitale. Leur mission : le repérage, la prise de contact et l'évaluation psychosociale. Cette dernière étape franchie, une décision est prise pour déterminer le type de prise en charge le plus adapté à telle ou telle situation. C'est-à-dire soit un transfert vers les urgences hospitalières, soit un transfert dans un centre... Et si la personne refuse de venir avec nous au centre, on lui sert un repas dans la rue. Ces équipes mobiles travaillent sur signalement. Dans les périodes de grands froids, comme ces jours-ci par exemple, nous mobilisons un peu plus nos équipes et nous multiplions les rotations. Comment est organisée la prise en charge dans les centres d'hébergement ? C'est tout un parcours. Une fois le SDF identifié, il est transféré dans un centre d'hébergement. Et nous avons un deuxième axe de prise en charge, à savoir l'hébergement d'urgence, car le travail du Samu social a un caractère d'urgence. Il y a un relais pour la prise en charge. A leur arrivée au centre, les personnes normales prennent une douche, se changent, se reposent et prennent un repas… Ensuite, elles passent chez le psychologue pour une évaluation et chez le médecin pour une analyse médicale. Pour ce qui est des personnes impotentes, elles sont orientées vers des centres plus adaptés. La prise en charge au sein du centre d'hébergement de Dely-Ibrahim ne dépasse pas trois jours, car en 2008 un incendie a ravagé quelques chalets, nous travaillons donc avec le strict minimum.