Obscurité n Le secret autour des essais nucléaires français au Sahara algérien ne permet pas de savoir exactement ce qui s'est passé. Les participants à une rencontre, organisée hier à Adrar, sur «la relation entre les cas de cancers enregistrés et les radiations nucléaires», ont affirmé que le secret qui a entouré les essais nucléaires français au Sahara algérien «ne permet pas de savoir exactement ce qui s'est passé dans cette région qui a abrité ces essais lors de l'époque coloniale». A cet égard, la présidente de l'association de lutte contre la pensée coloniale et l'experte juridique, Mme Benbraham, a indiqué que les essais nucléaires français en Algérie «relevaient du secret défense, d'où l'impossibilité de savoir ce qui s'est réellement passé dans cette région», soulignant qu'après 1998, le Tribunal pénal international (TPI) a été crée et une loi classifiant les crimes contre l'humanité promulguée. La France, a-t-elle dit, a adhéré à ce texte trois ans après sa promulgation, et tous les crimes perpétrés par la France dans les différentes régions du monde sont ainsi devenus passibles de poursuites après enquêtes. «Cette loi exige des preuves sur les crimes commis contre l'humanité avant le lancement de poursuites judiciaires», a souligné l'intervenante, évoquant «les importantes difficultés rencontrées lors de la demande faite par l'Association pour la consultation des archives françaises, en raison des manœuvres auxquelles la France a eu recours pour fuir ses responsabilités et éviter des poursuites judiciaires». Mme Benbraham a estimé que beaucoup de temps s'est écoulé avant que «la France ne reconnaisse clairement en 2005 les essais nucléaires effectués dans le Sahara algérien, mais en insistant que ce furent des essais propres et qu'il n'y avait aucun motif à parler d'effets sur la santé et l'environnement». Partant de là, un nouveau chapitre a été ouvert du point de vue juridique car le dossier a été soulevé progressivement par l'association, a souligné Mme Benbraham qui ajoute que «tant qu'il y a reconnaissance de ces essais, il faut donc obtenir les documents qui permettent de savoir ce qui s'est passé en Algérie». La bataille juridique menée par l'association en Algérie et son homologue en Polynésie et en France représentée par l'Association des victimes françaises des essais nucléaires a constitué un autre aspect pour le suivi juridique du dossier. La France a levé la confidentialité sur le dossier des essais nucléaires en 2005, mais «ce dernier a été vite retiré par les autorités françaises en raison du tollé médiatique qu'il avait suscité à l'époque». Le ministère français des Affaires étrangères a promulgué une loi qui prévoit trois articles incitant à l'indemnisation des victimes des essais nucléaires français, seulement, a-t-elle déploré, «la mouture soumise était diabolique car elle excluait les victimes algériennes de ce droit».