Violence n Les forces de sécurité ont tué au moins 84 personnes en Libye depuis le début des manifestations mardi, a affirmé, aujourd'hui, l'organisation Human Rights Watch, en s'appuyant sur des témoignages de personnel hospitalier et de témoins. «Les autorités libyennes doivent arrêter immédiatement les attaques contre les manifestants pacifiques et les protéger des groupes armés pro-gouvernementaux», a affirmé dans un communiqué HRW, une organisation basée à New York. Les manifestants réclament le départ de Mouammar Kadhafi, au pouvoir depuis 1969. Selon HRW, 49 personnes ont été tuées jeudi (20 à Benghazi, 23 à Al-Baïda, 3 à Ajdabiya et 3 à Derna) et 35 à Benghazi, hier, vendredi. HRW, qui se base sur des sources médicales, affirme que la plupart des 35 personnes décédées, hier, ont été «tuées par des balles réelles tirées par les forces de sécurité». Les violences d'hier à Benghazi ont commencé alors qu'avaient lieu «les funérailles des 20 manifestants tués la veille par les forces de sécurité». «Des témoins ont raconté à Human Rights Watch que les forces de sécurité, reconnaissables à leurs uniformes jaunes, avaient ouvert le feu sur les protestataires près de Fadil Bu Omar Katiba, une base de sécurité située» dans le centre de Benghazi. «A 23h 00, le 18 février, l'hôpital Al-Jalaa de Benghazi avait reçu les corps de 35 personnes tuées dans la journée», a déclaré un responsable de l'hôpital à HRW, en précisant qu'elles avaient succombé à leurs blessures liées à des tirs dans la poitrine, au cou et à la tête. «Les forces de sécurité de Mouammar Kadhafi tirent sur des citoyens libyens et les tuent par dizaines simplement parce qu'ils demandent des changements (...). Le gouvernement libyen n'autorise pas les journalistes et les organisations de défense des droits de l'Homme à travailler librement», a dénoncé le responsable de HR pour le Moyen-Orient et l'Afrique du Nord. «Mais le monde regarde ce qui se passe, et les forces de sécurité et leurs commandements pourront être tenus pour responsables.» Selon l'organisation, des témoins ont affirmé que des manifestants étaient toujours rassemblés par milliers hier soir à Benghazi. Aussi des rassemblements avaient-ils également toujours lieu à Ajdabiya, au sud de Benghazi, où trois personnes avaient été tuées jeudi. Selon un témoin, aucune nouvelle violence n'a été signalée dans cette ville hier. A Al-Baïda, dans l'Est, un manifestant a indiqué à HRW que la police patrouillait dans les rues, mais sans nouveaux heurts. La capitale économique et politique du pays, Tripoli, restait en revanche calme.