Résumé de la 1re partie n La mère, jalouse de sa fille, paie deux personnes pour la tuer et lui rapporter, en guise de preuve, son cœur et ses mains... On fait le guet. Aucun gros oiseau ne se montre ; mais on aperçoit une jeune fille qui, ne se croyant pas observée, grimpe dans les arbres fruitiers. On la suit des yeux pour voir ce qu'elle fera. On la surprend mordillant les fruits. — Que faites-vous là, mademoiselle ? — Plaignez-moi, répond-elle en montrant ses deux bras privés de mains, plaignez-moi et pardonnez-moi. Celui qui l'avait surprise était le fils de la maîtresse du château. La mutilation qu'on avait fait subir à la jeune fille n'avait pas altéré sa beauté, la souffrance lui avait même donné quelque chose de plus séduisant. — Venez avec moi, lui dit-il, et il l'introduisit secrètement dans la maison. Il la conduisit dans une petite chambre et l'engagea à se coucher ; puis il alla trouver sa mère. — Eh bien ! tu es allé à la chasse, lui dit-elle ; as-tu attrapé des oiseaux ? — Oui, j'en ai attrapé un, et un très beau. Faites mettre un couvert de plus ; mon oiseau dînera à table. Il fit ce qu'il avait dit ; il amena la jeune fille à ses parents. Grand fut l'étonnement quand on la vit sans mains. On lui demanda la cause de cette mutilation. Elle répondit de manière à ne compromettre personne : elle ne se croyait pas encore assez loin pour que sa mère ne pût apprendre de ses nouvelles ; elle savait que dans ce cas ceux qui l'avaient épargnée seraient traités sans pitié, et elle supplia ceux qui l'interrogeaient de lui permettre de rester cachée. Mais cela ne faisait pas l'affaire du jeune homme, qui s'était épris d'elle et désirait l'épouser. Sa mère combattit cette idée ; elle ne voulait pas d'une belle-fille sans mains, d'une bru qui lui donnerait peut-être des petits-enfants sans mains comme elle ! Le fils insista, et il insista tellement que sa mère lui dit : — Epouse-la si tu veux, mais c'est bien contre mon gré. Le mariage fut célébré ; les époux furent heureux, très heureux, mais ce bonheur ne dura pas longtemps. Bientôt, le mari fut obligé de partir pour la guerre. Ce fut avec de vifs regrets qu'il se sépara de son épouse, et il recommanda qu'on lui envoyât souvent de ses nouvelles. Quelques mois après un serviteur vint lui apprendre que sa femme lui avait donné deux beaux garçons ; mais il l'engagea à revenir au plus tôt, parce que sa famille était mécontente qu'il eût épousé une femme sans mains. Revenir, il ne le pouvait pas ; mais il écrivit à sa femme une lettre des plus aimables et une autre à sa mère, où il lui recommandait d'avoir bien soin de sa femme bien-aimée. Mais, loin d'en avoir soin, on cherchait à s'en débarrasser. On écrivit au jeune marié que sa femme avait accouché de deux monstres. (A suivre...)