La cinéaste Fatma Zohra Zamoume considère que son moyen métrage ‘Z'har', un nouveau genre cinématographique mêlant documentaire et fiction, est un «défi» qu'elle a relevé face au manque de moyens. Le film est une double histoire : une fiction qui raconte le parcours de trois personnages dans un taxi collectif entre Tunis et Constantine durant la décennie noire en Algérie, et un making-off (la partie documentaire) qui suit l'équipe de tournage qui se «démène» à résoudre ses problèmes en plein chaos financier. L'idée initiale était une simple fiction, un road-movie qui met en scène plusieurs personnages voyageant ensemble. L'impossibilité de filmer en décors réels dans différentes régions (Tunis, Tébessa, Sétif et Constantine) faute de budget – la cinéaste a tourné le film avec ses propres fonds – a poussé la réalisatrice à tourner dans un studio à Paris, avec des images de repérages, des photographies panoramiques des villes en noir et blanc, comme arrière-plan. «On a tourné comme dans les années 50, avec des ventilateurs, des branches qu'on secoue autour de la voiture», a avoué Mme Zamoume lors d'une conférence-débat organisée, hier, dimanche, à la cinémathèque d'Alger après une projection du film. Pour contourner l'insuffisance de la matière, la réalisatrice a été contrainte d'insérer des séquences du making-off de l'équipe de tournage en repérage, ce qui a donné naissance à un «nouveau genre» cinématographique. «Un objet bizarre, hybride», reconnaît-elle. Pourtant, le film a reçu une dizaine de prix dans des festivals internationaux, en France, en Espagne et en Inde.