Quand une équipe de tournage dotée de moyens minimes décide de se lancer dans la réalisation d'un film, le résultat n'est jamais garanti et le produit ne peut être que le reflet d'une grande aventure humaine. Une vérité que la réalisatrice algérienne Fatma-Zohra Zemmoum a décidé de prouver à travers son long métrage intitulé Z'har (chance) qui sera présenté en avant-première à la salle Mouggar le 4 octobre prochain. D'une durée de 78 minutes, Z'har retrace le parcours de trois personnages atypiques que rien ne lie, mis à part leur passion pour le cinéma et le hasard. L'équipe joue son propre rôle, à savoir Alia, la photographe, Cherif, l'écrivain et Farid, le chauffeur de taxi longues distances. La première est une photographe résidant en France contrainte de revenir à Constantine pour soutenir son père malade. N'ayant pu trouver de vols à destination d'Alger, elle descend sur Tunis, c'est là qu'elle rencontre Cherif. Ce dernier, écrivain algérien vivant en Tunisie, apprend sa propre mort en lisant la presse. Aussi décidera-t-il de revenir en Algérie en compagnie d'Alia. Ces deux personnages feront appel aux services de Farid, chauffeur de taxi faisant quotidiennement le trajet Constantine-Tunisie. Au programme, 2 000 km de rencontres et de fiction. Il faut bien prendre en considération la période à laquelle l'histoire se déroule, à savoir 1997, en plein terrorisme, couvre-feu et violence, des éléments bien mis en relief par les 3 personnages. Mis à part les personnages, le film retranscrit le parcours de l'équipe de tournage, elle-même partie en quête du décor adéquat pour une fiction à venir. Ainsi, la première partie du film, le «making of», a été tournée pendant l'été 2007, avec une petite équipe qui assurait en même temps le travail technique et le jeu. Faute de moyens le tournage, le film a duré deux ans. La partie fiction a été tournée à Paris, en studio, en février 2008. Les décors et les images ont été entièrement fabriqués pour donner l'illusion d'une réalité. Z'har est en fait un film qui s'inscrit dans le genre fiction. Il s'agit d'une œuvre expérimentale qui alterne le making of et la fiction, le tout avec une écriture cinématographique saluée par de grands festivals. Z'har se définit comme un film qui «pose des questions de vrai et de faux, d'artificiel et de réel, de cinéma et de réalité, du présent et de la mémoire, il est une véritable proposition de cinéma au-delà des normes».Rappelons que Z'har a été lauréat du prix du meilleur film de fiction au Festival international des films d'Afrique et des îles et compte plusieurs participations dans les festivals durant les années 2009 et 2010. W. S.