La tradition attribue également à Bouamrane une fille qui, dit-on, était aussi intelligente que son frère. Elle était également très belle et, dès qu'elle a atteint l'âge de se marier, les prétendants sont nombreux. «Accorde sa main à untel», disait sa mère, mais dès qu'un jeune plus beau ou plus riche se présentait, elle changeait d'avis : «Accorde-la plutôt à celui-ci !» — Non, finit par répondre Bouamrane, celui à qui je ne l'accorderai pas serait mécontent et deviendrait mon ennemi. Je la laisserai donc choisir son époux.». Or la jeune fille ne se décide pas. Les années passent et elle commence à prendre de l'âge. «Marie-la, dit sa mère à Bouamrane, sinon elle finira vieille fille ! — Non, répond Bouamrane, je la marierai quand elle l'aura décidé.» Un jour, la jeune femme vient le trouver et lui dit : «Père, je veux aller au marché !» — Que me demandes-tu là ? dit le père furieux. Les femmes, en ce temps-là, n'allaient pas au marché. Ce lieu était réservé aux hommes. Le faire revenait à déshonorer sa famille et donc à s'exposer à la mort ! — Je veux aller au marché, répète la jeune femme, car c'est là où on peut acheter ce que j'ai à vendre !