Les anecdotes dont Bouamrane est le héros sont loin de former un tout qui permette de tracer une biographie complète du personnage. Il s'agit surtout de récits qui illustrent des vérités, des sortes de fables dont l'objectif est de communiquer une expérience de la vie. C'est ainsi que Bouamrane est confronté à son fils, jeune homme impatient qui ne réfléchit pas toujours à ses actes. Sous l'influence du père, le fils acquiert de la sagesse et devient même, sur ce plan, son adversaire. La sagesse de Bouamrane déteint aussi, comme on le verra, sur sa fille, à qui la tradition attribue également des sentences. Bouamrane avait un ami qui s'appelait Hammad. C'était un beau garçon mais il était naïf et se laissait facilement berner. Bouamrane, lui, ne le trompait pas, mais essayait, à chaque fois que l'occasion se présentait, de lui ouvrir les yeux sur la duplicité des gens. Un jour, les deux amis entendent parler d'une jeune femme appelée Arba. «On dit qu'elle est belle comme la lune, dit Hammad. Beaucoup de prétendants se sont présentés chez elle mais elle les a tous repoussés. Peut-être que nous aurons plus de chance qu'eux ! — Toi peut-être, dit Bouamrane, tu es de visage agréable, moi je suis repoussant ! — Mais tu possèdes une chose rare, dit Hammad : la sagesse ! — Alors, dit Bouamrane, tentons notre chance. Je ne serai pas déçu, c'est si toi qu'elle choisit !»