Opinion n «L'Egyptien a été longtemps humilié et privé de sa dignité par l'ancien système.» InfoSoir : Êtes vous satisfait de la révolution égyptienne ? K. Hassanin : La révolution égyptienne a arraché des acquis importants depuis la chute de Hosni Moubarak. Plus de 60% de nos revendications sont satisfaites. Ce qui reste sera mis en œuvre dans le cadre de la transition assurée par le Haut conseil des forces armées. A cet effet, un échéancier a été arrêté pour l'application des doléances restantes de notre révolution, qualifiée de légitime par tous les partenaires. Aujourd'hui, nous sommes plus que satisfaits de notre parcours et de l'aboutissement de notre combat. Nous faisons confiance à l'institution militaire quant à la gestion de cette période de transition et nous veillons au respect des délais pour une instauration rapide d'un pouvoir civil. Quelles sont les principales raisons qui ont poussé la jeunesse égyptienne à sortir dans la rue ? Les principales causes du déclenchement de notre mouvement sont le totalitarisme du régime Moubarak, sa répression et la privation du peuple égyptien de ses libertés individuelles et collectives. L'Egyptien a été longtemps humilié et privé de sa dignité par l'ancien système. La corruption et la précarité de pans entiers de la société ont aussi beaucoup influé le peuple. La révolution tunisienne a-t-elle influé sur le soulèvement des Egyptiens ? La révolution tunisienne nous a permis d'avoir beaucoup d'espoir. Elle nous a aidés à mobiliser notre peuple et sortir dans la rue pour revendiquer notre liberté et le changement du régime. Elle a motivé nombre de jeunes à aller au bout de leurs revendications. Cette détermination a fait reculer l'homme qui détenait le pouvoir depuis plus de trente ans dans notre pays. Comment voyez-vous l'avenir de l'Egypte après cette révolution ? Un avenir porteur de liberté et que nous espérons prometteur. Nous avons beaucoup de projets pour notre pays et de défis à relever, comme le développement de notre agriculture et la maîtrise des technologies nouvelles. La situation dans le monde arabe est similaire à celle de l'Egypte. Pensez-vous que les populations oseront pour autant franchir le pas pour un changement définitif ? Tous les pays arabes sont gérés par des régimes totalitaires depuis plus d'un demi-siècle. La liberté a toujours été en mouvement. Après l'Europe, l'Asie et l'Europe de l'Est. Et voilà venu le tour du monde arabe. Elle a débuté à Tunis et chez nous. Je pense qu'elle touchera tous les pays de cet espace régional et nous connaîtrons des changements radicaux avant la fin de l'année. L'Afrique du Nord fera certainement l'événement dans les jours à venir, puisque les conditions de vie en Tunisie et dans notre pays sont semblables. Et en ce qui nous concerne en tant que jeunes nous soutiendrons toutes les initiatives allant dans le sens de la libération des peuples. Un mot sur l'Algérie... Nous avons cru que le peuple algérien ferait aboutir son combat avant nous. Aujourd'hui, nous observons l'évolution des événements chez vous et nous sommes convaincus que l'Algérie sera d'un apport important pour booster les autres pays de la région. Pour soutenir ces mouvements de changement, nous avons organisé des rassemblements devant les ambassades de Libye et du Bahreïn et bientôt devant l'ambassade d'Algérie pour soutenir votre jeunesse. L'Algérie a donné un million et demi de martyrs pendant sa glorieuse Révolution. A cet effet, elle mérite égard et respect. Comment expliquez-vous le caractère soudain de ce soulèvement auquel personne ne s'attendait ? Aujourd'hui, les peuples arabes ont adopté les nouvelles technologies qui ont mis fin à la censure de l'information. De cette communication sur la Toile sont nés des réseaux de partage de la colère. C'est ainsi que la dynamique du changement a été mise en route.