Résumé de la 2e partie n Au fur et à mesure qu'il rendait tout ce qu'il avait emprunté à chacun, Guinarou enlaidissait... L'un suivant l'autre, ils parvinrent à la grande savane abritant derrière se buissons, le village des girafes. — «Bon, dit le Guinarou à Sébahi, attends-moi ici sans bouger. Je m'en vais uriner derrière le buisson que tu vois». Et il s'éloigna. Il rencontra la girafe qui lui demanda de lui rendre son beau visage et lui, retrouva sa vilaine gueule, sa bouche affreuse crachant le feu. Ayant ainsi repris complètement son apparence de diable, il rejoignit sa femme, Sébahi la jeune fille. Lorsque le petit cheval aperçut sa bouche fumante, il eut très peur et hennit très fort. Il se cabra, fit volte-face et emporta la jeune fille au triple galop. Derrière eux, le diable prit sa course et la poursuite commença. Le cheval courait si vite qu'il se trompa de route et s'engagea sur la piste conduisant au village où les femmes ne vont jamais. Le diable s'aperçut de l'erreur, mais Sébahi jeta l'œuf de poule et une mer immense barra le chemin au Guinarou. Arrivant sur le rivage, celui-ci dit : — «Toi la mer, si ce n'est pas là la manière de ma première épouse, ne me laisse pas le passage pour que je la rejoigne.» Il donna un coup de lance et comme elles étaient l'œuvre de Sébahi, les eaux se fendirent, ménageant un étroit couloir. Le diable s'y précipita et reprit sa poursuite. Il courut si vite qu'il fut bientôt près de Sébahi. Alors elle jeta la brindille de natte et une forêt dense, si dense qu'aucun mari ne pouvait y passer, qu'une aiguille n'y trouverait pas son chemin, surgit entre eux. Et le diable répéta sa prière : — «Si cette forêt n'est pas l'œuvre de la main de ma première épouse, qu'elle ne me laisse pas le passage. Mais si c'est son ouvrage, ouvre-moi mon chemin.» Il tira une flèche et une route toute droite s'ouvrit, sur laquelle il s'élança. Et la poursuite continua. Le diable courait. Il se rapprochait. Pour la troisième fois, il était près de Sébahi. Bientôt, il pourrait la saisir. Alors elle jeta la pierre blanche et une grande montagne se dressa, très haute, énorme, rocheuse, colossale. Le Guinarou se mit à genoux : — «Si cette montagne n'est pas l'œuvre de la main de ma première épouse Sébahi, qu'elle ne me laisse pas le passage. Mais si c'est le fait de ma simple femme, délivre-moi de cet obstacle, afin que je puisse passer.» Quand il donna de la lance contre le roc, son arme se brisa en deux. — «Bon, dit le diable en regardant sa lance, Sébahi, je sais que tu vas dans le village où les femmes ne peuvent pénétrer.» Elevant sa voix formidable, il appela ses camarades démons à la rescousse, pour qu'avec lui, ils attendent la jeune fille sur la montagne et la tuent, lorsqu'elle se trouvera dans l'obligation de revenir sur ses pas. Toujours galopant, le cheval tourna sa tête et approchant ses naseaux de l'oreille de Sébahi, lui dit : — «Nous voyons les cases du village où les femmes ne vont pas. Ici, sur mon épaule gauche, arrache un poil afin qu'il te serve de pantalon.» La jeune fille enleva le poil et celui-ci devint un pantalon qu'elle enfila. (A suivre...)