Résumé de la 12e partie n Le Dr Kopecki change complètement d'attitude en apprenant que Amelia est journaliste... Vexée et furieuse, Amelia changea de tenue : jean, chemisier, chaussettes et chaussures montantes et une casquette. Elle se hâta de ressortir pour aller voir quelques animaux avant la tombée de la nuit. En se dirigeant vers le pré des girafes elle aperçut Kopecki, debout à côté d'un vieux camion blanc à la carrosserie cabossée. Elle eut la certitude qu'il l'avait vue lui aussi, mais il sauta littéralement dans le véhicule pour démarrer en trombe et s'éloigner comme s'il avait le diable à ses trousses. Qu'y avait-il, se demanda-t-elle, dans ce mot de «journaliste» pour lui faire aussi peur ? Les gens, en général, ne se sauvaient pas ainsi, à moins d'avoir quelque chose à cacher. Elle poursuivit son chemin à pas lents, la déception au cœur. En voyant les girafes, elle retrouva très vite sa bonne humeur. Elle s'appuya à la clôture métallique pour les observer. — Excusez-moi. C'est vous qui venez d'arriver ? Miss Blaney ? Amelia se retourna en fronçant les sourcils et vit une adolescente campée à côté de la clôture, les mains dans les poches de son pantalon. La plus grande des girafes vint vers elle de sa démarche traînante, et quelques-unes des plus petites dressèrent l'oreille au son de sa voix. Amelia répondit : «Oui» en effaçant les rides de son front, et la jeune fille parut soulagée. Elle tendit la main. — Bonjour. Je suis Sandy Rogers. Mon oncle Jim m'a demandé de vous accompagner pour la visite. Amelia fit un effort sur elle-même pour ne pas laisser voir sa réaction en entendant ce nom. Rogers ? La jeune femme assassinée et le garçon qui l'avait tuée ne s'appelaient-ils pas ainsi ? — Vous préférez voir les kangourous tout de suite, ou commencer par les girafes ? Elle avait environ seize ans, pensa Amelia. Fraîche, jolie, avec un petit corps vigoureux qui paraissait à l'aise dans la chemise de flanelle rouge, le jean noir moulant et les bottes de cow-boy. Elle avait tordu ses cheveux châtains en une grosse tresse d'où s'échappaient joliment quelques mèches folles. Par chance, car Amelia ne trouvait pas ses mots pour répondre, la grande girafe avait fini par les rejoindre. S'arrêtant derrière Sandy Rogers, elle plia son long cou et abaissa la tête pour amener sa figure à la hauteur de celle de la jeune fille, presque joue contre joue. Elle avait un regard très doux derrière ses grands cils. — Salut, Malcolm, dit affectueusement Sandy, sans élever la voix. (Comme elle lui soufflait dans les narines, la girafe secoua un peu la tête, leva et reposa son large sabot.) C'est un amour, expliqua-t-elle, mais il a horreur, qu'on le touche – pas vrai, Mal ? Toutes les girafes sont comme ça, mais elles sont adorables, et curieuses comme tout ! (Elle plongea son regard dans les grands yeux noirs et tendres tout proches des siens.) N'est-ce pas, mon vieux ? (à suivre...)