Distinction n Le film Teza de l'Ethiopien Haïlé Gérima a remporté, hier, l'Etalon d'or de Yennenga, plus haute récompense du Festival. Hailé Gérima dont l'œuvre figurait parmi les favoris était absent à Ouagadougou. Il a donc été représenté au Fespaco (Festival panafricain du cinéma et de la télévision) par sa sœur Selome Gérima, coproductrice du film. Teza traite de l'époque de la dictature de Mengistu Haïlé Mariam dans les années 1970 et 80 et a déjà remporté le prix spécial du jury et le prix du meilleur scénario à Venise. Cette présente édition du Fespaco, véritable institution du 7e art en Afrique, a battu le record des œuvres présentées. Quelque 374 films ont été sélectionnés et diffusés dans plus de dix salles à Ouagadougou sur un total de 664 œuvres reçues. Au moins 128 prix ont été distribués dans six catégories : long métrage, court métrage, documentaire, TV/vidéo, séries / sitcoms et diaspora avec le prix Paul-Robeson. Mais la fête du cinéma africain, qui soufflait cette année ses 40 bougies, a été quelque peu ternie par des problèmes liés à l'organisation. Des festivaliers se sont plaints de ne pas disposer d'accréditations pour accéder aux salles et les réalisateurs ont été dépités par la cacophonie dans la programmation de leurs films plusieurs jours après l'ouverture. Par ailleurs, la décision des organisateurs d'interdire les projections de films en plein air qui faisaient l'originalité du Fespaco a tué l'effervescence populaire. Résultat : les salles ont été occupées par des festivaliers et autres touristes fortunés. Seul le film Cœur de lion du Burkinabé Boubacar Diallo a pu attirer les Ouagalais au cinéma. En outre, le mythique «tapis rouge» avec «crépitement de flashs de photographes» pour accueillir les cinéastes et autres comédiens du cinéma africain a connu un succès mitigé. Le réalisateur malien Cheick Oumar Sissoko, qui a remporté l'Etalon de Yennenga en 1995 avec son film Guimba, a même déclaré qu'un policier l'avait écarté du tapis rouge alors qu'il marchait dessus. Cette édition a aussi été marquée par un hommage des organisateurs au réalisateur sénégalais Ousmane Sembène. Considéré comme le «doyen des cinéastes africains et pionnier du Fespaco» avant son décès en juin 2007, Sembène a été décoré à titre posthume par le gouvernement burkinabé. Une avenue près de la présidence burkinabé a été baptisée à son nom. Les organisateurs ont aussi érigé une statue en son honneur et organisé des conférences et des expositions sur sa vie. Un budget de 1,5 million d'euros a été nécessaire à l'organisation de cette présente édition du Fespaco dont le jury officiel long métrage est présidé par le réalisateur burkinabé Gaston Kaboré, vainqueur lui-même en 1997 de l'Etalon de Yennenga avec son film Buud Yam.