Colère n Des bâtiments de la sécurité d'Etat ont été pris d'assaut, hier, samedi, par des manifestants à la recherche de preuves d'abus commis par ce puissant appareil dépendant du ministère de l'Intérieur. Environ 2 500 manifestants ont fait irruption dans le bâtiment de la sécurité d'Etat à Nasr City, au Caire, s'emparant de documents officiels, avant que les responsables ne les brûlent ou les déchirent, selon un responsable des services de sécurité. A Cheikh Zayed, dans la banlieue du Caire, des centaines de manifestants ont tenté de pénétrer dans le siège local de la sécurité d'Etat. Des employés ont tiré des coups de feu en l'air avant que l'armée ne s'interpose pour empêcher que le bâtiment soit pris. La dissolution de ces services, accusés par des organisations de défense des droits de l'Homme d'abus et de torture, est l'une des principales revendications des militants pro-démocratie. L'un des manifestants a affirmé que le but était de s'emparer des dossiers de la sécurité d'Etat «de crainte que les preuves de violations ne soient détruites». «On pouvait voir la police à l'intérieur en train de brûler des papiers», a-t-il dit. A Marsa Matrouh, ville située au nord-ouest du Caire, un groupe de manifestants a pu entrer dans le siège de la sécurité et s'emparer de documents, avant de mettre le feu au bâtiment. A Zagazig, ville du Delta du Nil, des manifestants s'en sont également pris à des bureaux de la sécurité d'Etat, ainsi qu'à Fayoum, au sud du Caire, selon des responsables des services de sécurité. Vendredi, des manifestants avaient été blessés par balles lors d'un rassemblement réclamant la dissolution de la sécurité d'Etat à Alexandrie, la grande ville du nord de l'Egypte. L'armée, qui gère le pays depuis la démission, sous la pression populaire, du Président Hosni Moubarak, le 11 février, avait dû intervenir pour ramener le calme. Vendredi, entourant le nouveau Premier ministre, Essam Charaf, les manifestants de la place Tahrir avaient scandé des slogans tel que «Le peuple veut la fin de la sécurité d'Etat». «Je prie pour que l'Egypte soit un pays libre et que ses services de sécurité soient au service des citoyens», a répondu M. Charaf, nommé jeudi en remplacement d'Ahmad Chafic. Le devenir des services de sécurité suscite débat et polémique. Hier, un responsable de ce corps a annoncé que le ministère de l'Intérieur examinait «en urgence» sa restructuration, la répartition des compétences, des objectifs et ses mécanismes de fonctionnement. Une restructuration qui tend à opérer un «changement radical», de façon à apporter une contribution susceptible de préserver l'unité du peuple et l'égalité entre tous les citoyens, selon le même responsable. En revanche, d'autres estiment que la dissolution de cet appareil «pourrait avoir des conséquences néfastes». Il propose alors de soumettre ces services à un contrôle judiciaire pour empêcher des dépassements dont «l'écoute téléphonique et l'arrestation de personnes sans mandat...».