Le parcours exceptionnel de Simone de Beauvoir a été retracé, hier, au Centre culturel français par l'historienne Sylvie Chaperon. Entamant sa conférence par un aperçu sur l'enfance de Simone de Beauvoir et le milieu dans lequel elle a grandi, Sylvie Chaperon, également maître de conférences à l'université de Toulouse, a relaté les moments forts de la vie de Simone de Beauvoir, ceux-là mêmes qui lui ont conféré une stature d'intellectuelle hors pair. Abordant Le Deuxième Sexe, l'œuvre majeure de Simone de Beauvoir qui traite de la condition féminine sous différents aspects, l'oratrice a précisé que «le fil rouge de ce livre assez ardu à lire, était la perspective existentielle», c'est-à-dire toute la conception philosophique de son compagnon, Jean-Paul Sartre, le père de l'existentialisme, et qui prône le libre choix de l'individu dans la maîtrise de sa destinée. Le Deuxième Sexe (1949) avait suscité, en son temps, une gigantesque polémique en France qui dura plusieurs mois, notamment par des attaques en règle dans les journaux, y compris dans la presse intellectuelle contre son auteure. La haine déclenchée à l'époque contre Simone de Beauvoir, dira l'oratrice, était surtout due au ton libre adopté par la philosophe dans son approche de la sexualité féminine, ce qui était en «parfait décalage avec les mœurs de l'époque et la société de son temps», résumera l'historienne. La polémique, en France, autour du livre lui vaudra une renommée internationale qui ne se démentira pas au fil des années. Traduit dans plusieurs langues, la toute dernière traduction anglaise du Deuxième Sexe est parue en 2010, plus de 60 ans après sa publication. En outre, la conférencière n'a pas manqué de rappeler l'engagement politique de Simone de Beauvoir en faveur des militantes algériennes pendant la Guerre de Libération nationale et son soutien à la moudjahida Djamila Boupacha par une campagne en France, aux côtés d'autres intellectuels et artistes contre la torture en Algérie.