Halte A deux jours de la Journée internationale du théâtre (27 mars), nous nous interrogeons sur le théâtre algérien. Il est vrai que la pratique théâtrale ne s?est pas arrêtée, même s?il y a eu quelque rupture ou recul en raison des circonstances que nous connaissons tous, à savoir «la décennie noire». Certes, il y a émergence depuis quelques années d?un potentiel humain qui ne demande qu?à être enrichi, mais le théâtre, lui-même, reste tétanisé et laminé par des pratiques anciennes qui, aujourd?hui, ne répondent, en aucune manière, aux nouvelles aspirations du public. Le théâtre algérien est ankylosé. Il est isolé du vécu contemporain, prisonnier des vieux schémas. Il y a carrément absence de créativité, donc de recherche de nouvelles formes d?esthétique, même s?il y a production. Chez nous, jusqu?à présent, l?on n?a pas de théâtre contemporain. Notre théâtre reste toujours ancré dans l?expression scénique dite populaire qui, à force d?être exploitée, finit par se dessécher, se vider complètement de sa substance et perdre de sa signifiance. Suivant une même trajectoire, le théâtre algérien devient une expression «dite», «redite». Même jeu scénique, même gestuelle, même expression, même psychologie? Le produit scénique reste figé, inexpressif. Le théâtre algérien reste replié sur lui-même, refusant de s?ouvrir sur de nouvelles formes d?expression théâtrale ; il est tourné vers le passé, ignorant les besoins nouveaux de son public. Il y a un énorme décalage entre la scène et le public. Il faut mettre le théâtre en parfaite adéquation avec le public. Il faut l?inscrire dans la contemporanéité et le sortir du marasme, de l?immobilisme, du mimétisme. Pour cela, il est nécessaire de trouver de nouvelles perspectives, de fixer au théâtre d?autres réalités en l?arrachant au statique, au traditionnel, en lui attribuant de nouvelles définitions. Ces perspectives se traduisent par une action pédagogique et pratique visant à aller vers le renouveau, à s?ouvrir sur le théâtre «étranger», c?est-à-dire travailler à avoir une meilleure connaissance de ce qui se fait ailleurs, sur l?autre rive de la Méditerranée. Il faut s?enquérir d?autres formes théâtrales, des nouvelles techniques et de la pédagogie nécessaire pour les mettre en ?uvre. Il faut, par ailleurs, introduire dans le théâtre algérien de nouvelles formes d?expression comme la musique, la chorégraphie ou encore l?image. Il faut envisager un théâtre multidisciplinaire. Pour cela, il faut qu?il y ait un travail de coopération entre la partie algérienne et les différents acteurs, qu?ils soient Français, Italiens, Espagnols ou autres. Il faut s?inspirer de leurs différentes expériences dans le domaine théâtral. Il est nécessaire de favoriser et consolider les échanges avec les autres écoles d?art dramatique du pourtour de la Méditerranée. L?échange d?expériences dans le domaine théâtral renforce le renouveau et favorise la création. Il faut définir un art marqué par l?interpénétration d?autres cultures et des cultures avoisinantes. Car «l?apport de la multiculturalité, c?est de rouvrir le théâtre aux autres arts et donner une nouvelle recombinaison des arts vivants».